Stronger ou les impacts insoupçonnés d’un choc post traumatique
Un Jake Gyllenhaal rajeuni et amaigri pour paraitre 10 ans de moins hante le film Stronger avec un éternel sourire pincé et une bonne volonté battue en brèche par ses démons intérieurs. Car en perdant ses deux jambes lors des attentats du 15 avril 2013 en marge du marathon de Boston, son personnage perd peu à peu pied au propre comme au figuré entre un traumatisme jamais vraiment pris en charge médicalement et une famille disfonctionnelle toxique. Si le film touche par son indéfectible sincérité et sa volonté d’aborder le sujet de front sans faux semblants, il finit néanmoins par tourner en rond mais bien heureusement sans parvenir à lasser le spectateur!
Un drame de l’ère moderne
En s’intéressant à Jeff, jeune homme issu d’une famille redneck US urbanisée mais toujours furieusement simpliste dans ses raisonnements, le réalisateur David Gordon Green confronte les visions du monde dans un grand maelström philosophique. Car si Jeff a tout du bon gars placide et bienveillant, sa mère alcoolique et excessive en tout manque de déteindre sur lui, agressant autant le spectateur que tous ceux qui entendent sa logorrhée patriote matinée de racisme primaire et d’américanisme basique. Le deuxième personnage principal du film est Erin, petite amie épisodique qui court le fameux marathon auquel Jeff est venu assister afin de la supporter. Ses sentiments lui font supporter l’insupportable, à savoir la famille de Jeff et cette mère cloitrée dans ses préjugés nauséabonds, avec une éternelle clope vissée au bec malgré ses incessants toussotements. Sans le savoir, cette dernière représente une Amérique imbue d’elle même, va-t-en guerre et incapable d’aucune remise en cause. Jeff est balloté entre un traumatisme dont il a peine à se remettre mais rien n’y fait, sa mère ne pense qu’à elle même sans savoir réellement se préoccuper de son fils. Quand Erin fait montre d’une patience infinie, cette mère reste figée dans ses certitudes primaires, personnifiant ainsi une certaine Amérique honnie d’une grade partie du monde.
Un film proche des évènements
Le film a été tourné à Boston peu après les évènements, moins de 5 ans après, faisant affronter les souvenirs personnels des figurants et d’une grand partie de la population. Le film s’inscrit dans la vie de la cité, faisant dérouler certains scènes dans les enceintes de hockey des Bruins ou de Base-ball des Red Sox. Au coeur de ce qui a été pendant longtemps le poumon économique de l’Amérique, c’est à une certaine idée de la fierté que le film confronte. Pendant que le héros sombre dans une rééducation sans motivation faute de prise en charge psychologique, le spectateur se questionne sur ce nouvel état du monde où les peuples se craignent sans se connaitre. Jake Gyllenhaal interprète comme toujours son personnage avec cette touche de faiblesse mêlée de volonté qui le rend si poignant. Et si le film baisse de rythme, c’est parce que la chute du personnage est lente et ô combien réaliste.
Stronger propose une aventure humaine où la volonté seule peut permettre de soulever des montagnes. Poignant et authentique, le film touche par sa sincérité.
En ce 15 avril 2013, Jeff Bauman est venu encourager Erin qui court le marathon : il espère bien reconquérir celle qui fut sa petite amie. Il l’attend près de la ligne d’arrivée quand une bombe explose. Il va perdre ses deux jambes dans l’attentat. Il va alors devoir endurer des mois de lutte pour espérer une guérison physique, psychologique et émotionnelle.
Sortie : le 7 février 2018
Durée : 1h59
Réalisateur : David Gordon Green
Avec : Jake Gyllenhaal, Tatiana Maslany, Miranda Richardson
Genre : Drame, Biopic