Le souvenir du film documentaire Mizrahim les oubliés de la terre promise est encore vivace, le nouveau film de la réalisatrice Michale Boganim évoque le même contexte, la situation géopolitique tenue entre Israël et ses voisins, abordée cette fois-ci d’un point de vue féminin. Le film débute en 1984 et prend pour point de départ une famille, avec mère, père et 2 filles. Le déroulé se fait en 3 actes en ne cachant ni les souffrances ni les destins brisées. Les comédiennes Sofia Essaïdi, Sarah Adler et Zalfa Seurat remplissent l’écran pour un film touchant et ambitieux, tout rempli du bruit des bombes et des souvenirs de la patrie perdue.
Une situation sans issue
La réalisatrice Michale Boganim est née en Israël en 1977 et elle se souvient que son père a été soldat, démineur lors de la guerre du Kippour en 1973. Lors du conflit israélo-libanais de 2006 ou Guerre des 33 jours, elle était à Tel Aviv et a vécu l’occupation israélienne côté libanais. Depuis l’invasion du Sud Liban en 1982, l’occupation à partir de 1984 et jusqu’au départ des forces israéliennes entre 2000 et 2006, la situation a toujours été compliquée pour les libanais qui ont collaboré avec les Israéliens pendant cette période. Le film débute en 1984 et le spectateur assiste à la montée du Hezbollah en parallèle de la collaboration entre l’armée du Sud Liban et l’armée israélienne. Le film fait un focus historique mal connu pour ceux qui ont mal connu cette histoire. Israël payait les salaires des miliciens libanais, leur donnait des armes et des médicaments, en échange les troupes libanaises fournissaient des informations et participaient à des missions d’infiltration. A leur départ, les troupes israéliennes sont parties sans prévenir, abandonnant leurs alliés avant de les laisser finalement se réfugier en Israël. Tel Aviv – Beyrouth s’organise en 3 parties autour des dates jalons du conflit, 1984, 2000 et 2006, soit la guerre et l’occupation, le retrait des forces israéliennes, puis de nouveau la guerre. La chronologie du film montre la persistances des sentiments belliqueux dans un cercle vicieux sans fin. La réalisatrice choisit de raconter la guerre d’un point de vue féminin, à l’arrière-front, la caméra souligne les conséquences du conflit sur leurs vies, avec des blessures jamais vraiment refermées. Le titre du film est trompeur, aucune scène ne se déroule dans ces 2 villes, c’est une mention à la ligne de train construite par les britanniques et les reliant sans traverser de frontière opaque.
Le film est une chronique d’une tristesse infinie, au réalisme cru et saisissant et qui se suit comme un thriller. Il est à découvrir le 6 juin en DVD pour un beau shoot de réalité.
Synopsis: De 1984 à 2006, deux familles, l’une libanaise, l’autre israélienne, sont prises dans la tourmente des guerres à répétition entre Israël et le Liban. Entre le sud du Liban et Haïfa, l’Histoire vient à la fois bouleverser et réunir les destins individuels.