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Un Tennessee Williams sous haute tension, magistralement rendu par Stéphane Braunschweig

Un Tennessee Williams sous haute tension, magistralement rendu par Stéphane Braunschweig
Soudain l’été dernier photo © Élizabeth Carecchio

Un Tennessee Williams sous haute tension, magistralement rendu par Stéphane Braunschweig

Stéphane Braunschweig s’attaque pour la première fois à l’univers sombre et sulfureux de Tennessee Williams qui met en scène des personnages, torturés par leurs pulsions, et terriblement seuls face à leurs tourments. Soudain l’été dernier est une plongée au cœur des passions enfouies, des mensonges qui s’infiltrent entre les âmes, des non-dits qui aveuglent et des refoulements qui pervertissent.

Braunschweig orchestre d’une main de maître, à l’abri d’une scénographie saisissante et pièce cardinale du spectacle dont il signe aussi  la conception,  cette vérité difficile à advenir où les enjeux hantent chacun des protagonistes.

Sebastien est mort mystérieusement sur une plage, l’été dernier. Sa cousine Catherine, qui l’accompagnait et a assisté à cet événement, est devenue folle. Sa mère Violet Venable, riche bourgeoise attachée à ses valeurs et à sa réputation, fait venir le docteur Cukrowicz, neurochirurgien : elle tente de le convaincre qu’une lobotomie rendrait la raison à sa nièce.

Un récit sous haute tension

Le plateau s’ouvre sur un jardin-jungle aux lianes tentaculaires et aux couleurs violentes, espace mental par excellence, et réceptacle de toutes les visions, tensions, digressions, hallucinations qui alimentent les circonstances de la mort de Sébastien.

Où les désirs interdits, la prédation, la transgression se disputent aux aveux les plus crus, aux sentiments les plus délétères, aux actes les plus barbares.

La pièce est hantée par cette mort sacrificielle où entre le portrait idéalisé d’un fils par une mère domoniatrice, enfermée dans un processus de dénégation, et le récit de Catherine, seule témoin du drame de « l’été dernier », se fait jour le destin d’ un homme en crise mais aussi prédateur.

La fable aux accents métaphoriques qui se joue de l’allégorie de la folie est poursuive par le thème de la dévoration.

Plantes carnivores, oiseaux de proie dévorant les bébés-tortues aux Îles Galapagos, mère surprotectrice, quasi-amante de son fils : dévorante ou encore des enfants affamés qui dévoreront le protagoniste transformant le bourreau en victime dans un rapport de domination inversé.

Tentation dévoratrice donc des rapports de force chez Tennessee Williams où entre haine et amour, se dévore toujours quelque chose de l’autre.

Une interprétation de haut vol

Ce thriller psychologique à la tension permanente est emmené par deux comédiennes d’exception. Luce Mouchel dont la stature souveraine scelle parfaitement l’aveuglement de cette mère abusive tandis que Marie Rémond porte de tout son être révolté, cette parole étouffée et interdite. La suite de la distribution est au diapason avec Jean-Baptiste Anoumon, parfait en médecin arbitre pragmatique et Océane Cairaty, qui impose naturellement  sa présence en gouvernante terrifiée par Mrs Venable.

Dates : du 10 mars au 14 avril 2017 l Lieu Odéon – Théâtre de l’Europe (Paris)
Metteur en scène : Stéphane Braunschweig

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Mise en scène
Jeu des acteurs
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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