The Last Hillbilly ouvre une lucarne sur une Amérique oubliée, celle des premiers pionniers perdus dans un monde de chômage et de misère sociale. Primé avec le Grand Prix au Festival International du Film de Bordeaux, Prix jeune au Corsica.doc et sélectionné à l’ACID Cannes 2020, le documentaire offre une vision ignorée sur un immense pays qui ne fait que peu de cas de ses anciennes forces ouvrières, pour un présent cabossé et un avenir incertain.
Une plongée dans un milieu paupérisé à l’extrême
The Last Hillbilly se découpe en sections qui se concentrent sur différentes perspectives. Under the Family Tree ouvre le film avec un focus sur l’importance des racines familiales, menacées par une société moderne seulement intéressé par le profit et des médias stériles. Puis il y a la deuxième partie, The Wasteland, qui montre ceux qui ont décidé de ne pas quitter cette terre et observent son long déclin, sans renoncer pour autant à leur mode de vie. La troisième partie est Land of Tomorrow et s’intéresse aux enfants, ce sont eux qui continueront l’histoire familiale et leur innocence tranche avec l’âpreté du monde des adultes. L’énergie des plus jeunes fait espérer qu’ils pourront remplacer leurs ainés fatigués et sans illusions sur le futur de leur terre. Brian est le personnage principal du film, il évoque le passé glorieux de ce monde de mineurs déjà disparu, le présent anémié et le futur incertain. Il sent qu’une catastrophe est en train de se produire et que son monde se désagrège sans qu’il ne puisse rien y faire. La bande son amplifie ce sentiment de déliquescence avec une musique noise composée par Jay Gambit, musicien noise de la scène de Philadelphie dans le folklore appalachien et des bruits d’industries minières enregistrés sur place.
Un présentiment lancinant que tout va disparaitre empreint tout le film. La zone rurale reculée en plein cœur du Kentucky, avec son industrie minière en train de disparaitre après avoir fait sauter toutes les collines à la recherche de charbon fait froid dans le dos. C’est un revers désespérant de la modernité, ceux qui sont utiles un jour ne le sont plus le lendemain et ils sont abandonnés sans vergogne. A eux de garder espoir et de s’inventer un futur, ça ne va pas sans peine et sans atermoiements. Les hillbillies sont vus comme des péquenauds, à eux de faire preuve de résilience.
Synopsis: Dans les monts des Appalaches, Kentucky de l’Est, les gens se sentent moins Américains qu’Appalachiens. Ces habitants de l’Amérique blanche rurale ont vécu le déclin économique de leur région. Aux États-Unis, on les appelle les » hillbillies » : bouseux, péquenauds des collines. The Last Hillbilly est le portrait d’une famille à travers les mots de l’un d’entre eux, témoin surprenant d’un monde en train de disparaître et dont il se fait le poète.