Ultimo Tango, film musical et magnifique de German Kral
Pour faire un documentaire sur le tango, German Kral chercha le profil qui serait apte à symboliser cette danse. Après enquête, il tombe face à María Neves Rego. Trente secondes suffisent pour qu’il comprenne que cette femme de quatre-vingts ans doit être le moteur de son documentaire sur le tango. Et comme le tango se danse à deux, il a fallu chercher le partenaire de María : Juan Carlos Copes.
Passion amoureuse, haine et dépendance à l’autre pour faire tanguer les jambes et miroiter les yeux, sont quelques traits que l’on peut dégager du documentaire de Kral. María et Juan se rencontrent très tôt. Ils deviennent partenaires de tango. María raconte que le tango était une activité de pauvres. Une paire de chaussures et deux jambes suffisaient. Et c’est dans les salons de danse, à foison dans les années 50’ et 60’, qu’ils commencent à tanguer ensemble. Ils deviennent rapidement le couple de tango de Buenos Aires.
Passion amoureuse, haine et dépendance à l’autre […]
Ce même couple qui fera que le tango claque aujourd’hui ses talons partout dans le monde. Ultimo Tango puise sa force dans la relation particulière qu’ont eu Juan et María. Partenaires d’une vie. Amant et amante. Cocu et cocue. La passion a fait son écart quand chacun à un moment donné a préféré prendre son pied.
María Nieves crève l’écran. Elle porte le film. Seule aujourd’hui, la reine de Buenos Aires dégage quelque chose d’incroyablement puissant. C’est une fauve. Elle a passé sa vie à danser et fera certainement claper ses chaussures compensées sur le bois de sa boîte mortuaire. Enchainant les clopes sans retenue, elle dévore le film. Elle en devient le centre. Kral pensait faire un documentaire sur le tango. Il en a fait un biopic sur María.
Les images sont belles, la lumière est impeccable, les chorégraphies sont incroyables.
Ultimo Tango est visuellement beau. Les images sont belles, la lumière est impeccable, les chorégraphies sont incroyables. German Kral a fait le choix de mettre en scène son documentaire. Les images d’archives sont maigres. Mais suffisantes. On entend et on voit Juan et María. Des acteurs, tous d’excellents danseurs, jouent le rôle du couple lorsqu’ils étaient plus jeunes. En parallèle des mots de la baronne et du baron, ces acteurs font danser leur corps pour redonner vie à des moments d’histoire. Kral navigue entre de la reconstitution, où sa petite équipe tente en discutant avec Juan et María de percer le secret tango, et des images spontanées. D’ailleurs, cette spontanéité est menée par le couple. Et c’est sans doute ces moments délicieux qui font le charme du documentaire. À ce propos, le genre documentaire peut être discuté. Parfois, nous avons la sensation de tomber dans de la narration imagée, qui frôle de deux doigts la fiction. Autre petit hic, quelques longueurs. On attendrait d’un documentaire sur le tango un rythme millimétré. Or, les courbettes de la docu-fiction tendent à la minute de trop.
Sortie : le 4 mai 2016
Durée : 1h25
Réalisateur : German Kral
Avec : inconnus
Genre : Documentaire, musical
Je sors d’Ultimo Tango et je suis chiffonné. Car le film passe sous silence le plus important. L’intimité entre Maria et Juan. Il a du y avoir tellement d’amour entre ces deux fortes personnalités mais le film esquisse leur histoire d’amour. 50 ans de Tango en couple, ça va beaucoup plus loin qu’une simple relation professionnelle. A cause de la pudeur ou d’un refus bien compréhensible des protagonistes de creuser le sujet. Restent ces images intenses de Tango avec une mise en abime assez étonnante.