Une belle remontée aux premiers temps du christianisme avec le film Paul Apôtre du Christ
Un film entier qui s’intéresse à la figure de Paul de Tarse prend le double risque du prosélytisme béat et de l’hagiographie militante. Mais Paul Apôtre du Christ évite ces deux écueils par son déroulé simple et sincère en présentant l’apôtre Paul, figure fondatrice du christianisme, dans toute sa complexité, ancien persécuteur des premiers chrétiens devenu une figure sage et mesurée d’un temps où les martyrs se comptaient par milliers. Pas encore de Vatican ni d’église surpuissante, les temps étaient au dénuement et au sacrifice de soi. Et le résultat est juste confondant de beauté. L’esthétique ressemble certes fort à celle de la série Rome, mais le message prend au coeur.
Des temps de souffrance et de résolution
Le film Paul Apôtre du Christ débute alors que la grande figure des temps premiers du christianisme est retenue prisonnière à Rome. Après avoir traversé la Méditerranée en tous sens pendant plus de 30 ans, un des grands guides spirituels, fondateur de multiples églises et exemple vivant d’humilité, doit finir son voyage au centre du monde, Rome. L’accent est mis sur le message transmis par le Christ comme réponse aux persécutions romaines. Les images de sévices font mal et évoquent sans détour ce qu’ont subi ceux qui ne se soumettaient pas corps et âme à la loi romaine. Les années 60 après JC sous Néron n’étaient pas tendres pour ceux qui s’aventuraient vers l’exotisme christique venu du lointain Moyen Orient. Il faut s’imaginer le conservatisme romain d’une nation qui a conquis le monde antique à coups de lances et d’invasions. Pour l’envahir en retour, il fallait bien une doctrine prônant le contre pied total, le partage à la place du conflit, l’amour au lieu du mépris. Néron n’apparaît pas mais le général déchu Mauritius figure l’intransigeance romaine, celui qui n’hésite pas à transformer les chrétiens en torches humaines vivantes pour éclairer les rues de la cité la nuit et à jeter femmes et enfants dans la gueule des lions dans l’arène. Face au bloc de béton romain, la pensée chrétienne offre un contrepoint que Paul personnifie en silence dans une humilité qui détonne. A ses côtés, son acolyte Luc immortalisera par écrit cette pensée qui perdure jusqu’à aujourd’hui encore. Le film alterne entre tortures horribles et pensées idylliques, personnages persécutés et romains conquérants pour offrir un contrepoint permanent qui impressionne. L’esthétique de série US laisse vite place à la profondeur de la pensée pour un impact maximum sur une salle plongée dans un silence contemplatif. Le film a beau être sorti début mai, il passe encore et continue d’attirer des spectateurs. Car le film parvient à dépasser les fractures religieuses pour offrir un beau message universel. Et ça, sans effets spéciaux ni grandes scènes d’action, le cinéma US n’y parvient presque plus, presque, la preuve.
Paul apôtre du Christ scotche au siège par sa tentative réussie de raviver une époque de lutte pour faire s’effondrer une pensée antédiluvienne. Le film fascine par son message à la portée universelle à découvrir dans les rares cinémas qui le projettent encore.
Emprisonné par l’Empereur Neron, Paul se remémore les principaux moments de sa vie d’apôtre.
Sortie : le 2 mai 2018
Durée : 1h48
Réalisateur : Andrew Hyatt
Avec : James Faulkner, Jim Caviezel, Olivier Martinez
Genre : Historique, Drame