Une pièce au coeur du réel avec La ménagerie de verre au Théâtre de Poche Montparnasse
Le Théâtre de Poche Montparnasse propose encore un grand moment de théâtre avec l’adaptation de la pièce de 1944 La Ménagerie de Verre écrite par Tenessee Williams. Deux comédiennes et deux comédiens enchantent l’audience dans une pièce au réalisme brutal et aux sentiments augmentés. La vie des petites gens fascinait un auteur né lui même dans le Mississippi et touché par la pauvreté exacerbée de ses congénères sous le coup de la grande dépression des années 30. L’audience reste hypnotisée 2 heures durant devant les prestations habitées d’une troupe au diapason de l’esprit de la pièce. Un must théâtral à découvrir.
Un drame de l’Amérique profonde
Amanda (Cristina Reali) est une mère célibataire abandonnée par le géniteur de ses deux enfants et qui reporte tous ses espoirs sur la jeune génération. Mais Tom (Charles Templon) rêve d’aventures exotiques tandis que le handicap physique de Laura (Ophélia Kolb) la fait s’emmurer dans une solitude forcenée en compagnie de sa Ménagerie de verre, ses petits animaux minuscules qui lui apportent un réconfort majuscule. Quand Amanda force Tom à présenter un galant à sa fille esseulée, elle rêve d’un mariage qui rehausserait sensiblement le niveau de vie de la famille accrochée aux basques d’un jeune homme frustré par son travail dans un entrepôt et rêvant d’ailleurs. La rencontre entre Laura et Jim (Félix Baupérin) est forte en ambiguïté et en maladresse pour un dénouement que tout le monde anticipe. La pièce se situe dans le quotidien non pas le plus sordide mais le plus ordinaire de ceux à qui la vie n’a pas fait de cadeaux au coeur d’une Amérique à deux vitesses. Les jours s’écoulent dans un défilé morne, avec des rêves pleins la tête mais rien pour les faire se réaliser. Les comédiennes et comédiens dotent leurs personnages de sentiments à fleur de peau. Passé meurtri et futur incertain hantent un présent chaque jour renouvelé, sans saveur et face à un mur. Cristina Réali joue une mère courage volontaire mais un peu encombrante pour des enfants obligés de cacher leurs véritables aspirations pour ne pas la froisser. Charles Templon joue le fils narrateur qui partage ses pensées avec le public, ironique à l’occasion mais toujours dépendant des autres. Ophélia Kolb est une jeune fille tellement sensible qu’elle semble ne jamais parvenir à s’envoler hors du cocon familial. Tenessee Williams n’a pas ménagé ses effets dramatiques pour tenir en haleine dans une pièce de 2 heures merveilleusement adaptée par Charlotte Rondelez. Le quotidien recèle d’une atmosphère dramatique qui colle littéralement les spectateurs à leurs sièges.
Le salut final fait s’enchainer les bravos de la part d’un public conquis par la performance des comédiens et comédiennes. La Ménagerie de Verre est vraiment un des grands moments de la saison théâtrale parisienne. De quoi réserver sa place au plus vite!
Dates : A partir du 4 septembre 2018
Lieu : Théâtre de Poche Montparnasse(Paris)
Metteur en scène : Charlotte Rondelez
Avec : Cristina Reali, Ophélia Kolb, Charles Templon, Félix Beaupérin