Un western crépusculaire avec Hostiles de Scott Cooper
Hostiles semble débuter alors que le plus gros de la conquête de l’ouest s’est achevé depuis longtemps. Les protagonistes de batailles aussi sanglantes qu’homériques vont bientôt faire partie de l’histoire ancienne et ils le savent au plus profond d’eux-mêmes. Scott Cooper imagine un capitaine de cavalerie obligé d’escorter un chef indien du Nouveau Mexique au Montana, eux deux qui ont perdu quantité d’amis et d’illusions en s’affrontant impitoyablement par le passé. Le ton est plus souvent à l’introspection qu’à la fuira guerrière dans un western qui renvoie tous les personnages dos à dos.
Loin des standards habituels
Tout le mérite du réalisateur de Strictly Criminal, Les Brasiers de la Colère et surtout Crazy Heart est de ne pas céder aux sirènes trop souvent hurlantes à l’heure actuelle de l’action stérile. Dans un monde cinématographique où les super héros font dorénavant la loi auprès de foules avides d’explosions et d’écrans verts, Scott Cooper choisit de se laisser le temps. Avec ses grands espaces majestueux et ses héros revenus de luttes sanglantes, Hostiles semble se dérouler alors que tout est déjà terminé. Le chef indien Yellow Hawk (Wes Studi) est maintenu captif, lui à l’origine de massacres effroyables qui le font haïr des soldats américains, le capitaine Joseph J. Block (Christian Bale) en tête. Mais le long voyage du sud au nord va rapprocher deux hommes qui se seraient étripés des années auparavant. Hostiles a le bon gout de ne pas faire de distinguo sentimental entre amérindiens natifs et néo américains dans le classement des pires instigateurs d’atrocités. Chacun en prend pour son grade et les héros sont maintenant fatigués. Le dénouement de batailles sanglantes est proche et ni les vainqueurs ni les vaincus semblent n’en avoir cure, ce qui explique les très longues plages de silence contemplatifs, comme si les spectres des victimes passées ne cessaient de hanter les protagonistes.
Tout ça pour ça
Loin de se glorifier de leurs faits d’armes, le capitaine et le chef indien vont surtout aviver un respect mutuel inattendu tandis que des embuches vont se dresser sur leur route. Tribu Comanche hostile, trappeurs blancs vicieux, propriétaires terriens violents, les menaces se multiplient de tous côtés dans une sarabande sans fin de rixes sanglantes. Le film multiplie les personnages secondaires aux durées de vie variables pour épaissir un peu plus l’intrigue. Notamment Timothée Chalamet qui est décidément partout et Rosamund Pike bien trop pouponnée pour son rôle de veuve éplorée au fin fond de l’ouest. Christian Bale arbore une épaisse moustache à la Buffalo Bill dans un rôle tout en douleur contenue, en personnage qui a fait son travail de manière si zélée et appliquée qu’il ne peut plus supporter tout ce sang sur les mains, se demandant silencieusement si tout cela en valait vraiment la peine.
Hostiles se rapproche dans l’esprit du Impitoyable de Clint Eastwood. Même fatigués, les héros se donnent la peine d’une tournée d’adieu pour ne pas se trahir et clôturer leur épisode de la conquête de l’ouest, par delà les fantômes et la culpabilité. Mais personne n’était là pour les juger, dans ce monde sans pitié.
En 1892, un légendaire capitaine de l’armée américaine accepte à contrecoeur d’escorter un chef de guerre Cheyenne et sa famille, désireuse de retourner sur leurs terres tribales. Sur le chemin, qui va les emmener du Nouveau Mexique au Montana, ils doivent faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus Comanche qu’ils rencontrent, en compagnie d’une veuve dont la famille a été assassinée.
Sortie : le 14 mars 2018
Durée : 2h13
Réalisateur : Scott Cooper
Avec : Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi
Genre : Western, Drame