Wheeldon/McGregor/Bausch en résonance avec Pierre Boulez
En l’honneur de Pierre Boulez, le Ballet de l’Opéra de Paris présente un programme de trois pièces contemporaines qui sont autant de lignes de résonance et de partage avec le grand compositeur et chef d’orchestre français. Trois pièces au climat et à l’inspiration très différents dont le choc offre une nouvelle perception, tant dans sa dimension chorégraphique qu’esthétique. Une réussite.
Dates : Du 3 au 31 décembre 215
Lieu : Opéra de Paris (Paris)
Chorégraphes : Wheeldon/McGregor/Bausch
Le programme commence par « Polyphonia », pièce de l’Anglais Christopher Wheeldon sur de courtes pièces pour piano de Ligeti. S’enchaine un ensemble de figures néoclassiques avec en ouverture comme en clôture tous les danseurs présents sur scène qui, entre temps, auront laissé place à des duos puis des solos. Ils composent des variations contrastées à l’architecture virtuose aussi fluide que sophistiquée et pour le corps tout entier.
On est séduit par la tonalité stylistique et les nuances de rythmes de ce ballet dont les danseurs s’emparent avec une élégance naturelle.
[…] Trois pièces au climat et à l’inspiration très différents dont le choc offre une nouvelle perception […]
Wayne McGregor, britannique également, poursuit la soirée avec « Aleas Sands », la troisième pièce qu’il crée pour le Ballet de l’Opéra de Paris. On se souvient de sa dernière création L’anatomie de la sensation qui s’inspirait du processus de métamorphose propre à l’œuvre de Francis Bacon.
Aujourd’hui, c’est à partir du plafond peint par Chagall que le chorégraphe avec l’artiste Haroon Mirza fait naitre la sensation et crée un lien de connexion, sonore et visuel, entre la scène et la salle.
En effet, des lumières LED vibrent, crépitent, s’allument puis s’éteignent par intermittence avant de se projeter sur le plateau qui s’ouvre sur un décor spartiate et à partir desquelles le chorégraphe déploie son style mordant, affûté et déstructuré. Le tout propice à créer une immersion totale et sensorielle avec la partition musicale et son emprise organique.
Enfin, Le Sacre du printemps, morceau d’anthologie de Pina Bausch (1975), vient clore ce programme ambitieux. Sa reprise est toujours un évènement où sur la scène couverte de terre fraîche, danseurs et danseuses s’opposent en d’âpres combats et s’épuisent jusqu’au sacrifice.
Rituel d’une communauté humaine qui sacrifie l’un des siens, une jeune femme, pour glorifier la divinité du Printemps et dont la symbolique nous renvoie à notre origine et à notre fin.
A l’abri d’une chorégraphie radicale et d’une intensité inouïe, « Le Sacre » se charge de cette danse tellurique qui nous laisse, une fois encore, sans voix.