American Hero ou la revanche des losers
Olivia Bugault nous a déjà fait une très belle chronique sur ce film qui va sortir le 8 juin : American Hero chamboule la définition du héros et du spectateur. Voici donc la vision « masculine » de American Hero, rédigé par Stanislas Claude :
American Hero présente un superhéros ordinaire, caché parmi nous et peu décidé à aider son prochain. Oubliez Batman, Iron Man ou Superman, cet American Hero est un être unique mais à hauteur d’homme. Faible et fragile, moitié toxico et poivrot à temps partiel, sans mission à accomplir ni quête à mener. Ce superhéros pourrait être vous ou moi… mais surtout vous.
En choisissant un super héros sans rien des atours habituels de l’être fantastique, le réalisateur Nick Love prend le contre pied des blockbusters habituels. Stephen Dorff reprend la tête fatiguée déjà arborée dans le Somewhere de Sofia Coppola pour incarner un être pas conscient du tout de ses devoirs d’être exceptionnel. Là où le héros de Kick Ass s’inventait des super pouvoirs fantasmés pour faire prévaloir l’ordre et la justice, Melvin détient bel et bien le don de télékinésie. Il peut déplacer les objets à distance mais ne s’en sert que pour grappiller quelques piécettes. La trentaine bien tapée, un éternel T shirt blanc à la propreté douteuse, logé chez sa mère, habitué à bruler la chandelle par les deux bouts dans des soirées bien arrosées, Melvin s’inscrit dans une jeunesse désabusée. L’ouragan Katrina est passé par là en 2005, La Nouvelle Orléans porte autant de stigmates que notre super héros qui s’ignore.
Mais le jour où la mère de son fils décide de partir avec le rejeton, Melvin a une prise de conscience. Ne devrait-il pas exploiter son pouvoir ? Les paysages désolés et dévastés de la Nouvelle Orléans laissent entrevoir l’espoir tout comme Melvin sait bien qu’il peut récupérer son fils à force de persévérance. Le réalisateur Nick Love met en parallèle la vie de lose de son héros avec une ville jamais vraiment remise. Melvin a des super pouvoirs comme la ville a l’énergie de sa jeunesse, aucun des deux ne semble en mesure de les exploiter. Le ton du film est réaliste, pessimiste, intimiste. Le réalisateur lui adjoint un ami cloué sur une chaise roulante et des gangs bien décidés à faire leur loi, rappelant Lost River, le film de Ryan Gosling où un chef de gang règne sur un territoire désolé suite au départ des habitants suite à la crise économique.
Cet American Hero est peut être le super héros que l’on mérite, désoeuvré et sans cause juste à laquelle se rallier. Reflet d’une époque d’abattement décidément et fatalement bien à la mode au cinéma. Si l’époque ne peut accoucher de rêves propres à rallier et enthousiasmer la jeunesse, vers quoi se tourner? Melvin ne se lève que pour se diriger vers de fêtes vainement divertissantes, sans substance ni profondeur. La morale du film tient debout, la jeunesse a besoin de causes à défendre, de projets à construire, de perspectives à lesquelles adhérer. Si Melvin a le pouvoir de télékinésie, chacun de nous détient à son niveau ses propres capacités et ses propres pouvoirs
Melvin est super-héros malgré lui. La trentaine bien entamée, il habite encore chez sa mère et ne vit que pour la fête, les femmes et la drogue. Jusqu’au jour où il réalise que la seule façon pour lui de revoir son fils, que la justice lui interdit d’approcher, c’est d’accepter son destin, et d’exploiter ses super pouvoirs pour lutter contre le crime. Mais dans un monde dans lequel personne ne comprend ni sa situation, ni d’où il tient ses incroyables pouvoirs, ces derniers pourraient bien causer sa perte…
Sortie : le 8 juin 2016
Durée : 1h26
Réalisateur : Nick Love
Avec : Stephen Dorff, Eddie Griffin, Luis Da Silva Jr.
Genre : Comédie, Fantastique