Desierto, une chasse à l’homme glaçante de Jonas Cuaron
Desierto n’est pas un film anxiogène de plus, il utilise les codes du film d’angoisse avec un réalisme glaçant et une vraie remise en question des comportements humains. L’homme est un loup pour l’homme et un groupe d’immigrés mexicains se retrouve traqué par un redneck solitaire aux repères moraux bien flous. Le désert est une toile de fond hostile et implacable pour une chasse à l’homme étouffante. Un grand moment de trouble.
Desierto débute comme un épisode lambda de la traversée quotidienne de la frontière américaine par des mexicains en quête d’une vie meilleure. Des passeurs convoient les passagers silencieux et prostrés avant un premier écueil. Le moteur du véhicule lâche, comme un avertissement à rebrousser chemin. Gael Garcia Bernal est un membre de la folle équipée. Le soleil est haut dans le ciel, le désert semble murmurer constamment. La musique oppressante de Woodkid contribue à une atmosphère asphyxiante également portée par une mise en scène au cordeau. Loin d’un sahara uniforme enchainant les dunes, les paysages sont variés et escarpés avec des falaises à pic et de la végétation desséchée.
Les âmes sensibles souffriront d’asphyxie ou de vertige devant ce film ultra intelligent
Le réalisateur Jonas Cuaron est le fils d’Alfonso Cuaron, réalisateur multioscarisé des Fils de l’Homme et de Gravity. Il a l’art de l’économie de moyen pour un résultat ultra réaliste et crispant. Les effets spéciaux et artifices visuels restent dans les cartons pour un moment de tension suffocante. Si le film s’inspire clairement du Duel de Steven Spielberg, il en actualise les codes. Le duel entre un automobiliste et un camion fou ne laissait jamais entrevoir les traits du conducteur psychopathe. Jeffrey Dean Morgan agit ici à visage découvert, dans une impunité quasi naturelle lorsqu’il décime les migrants un à un. Qui ira réclamer les corps d’immigrés clandestins perdus dans un désert brûlé par le soleil ? Il s’imagine en justicier représentant d’une loi primitive et protégeant son pays d’indésirables intrus. Lorsqu’il croise un représentant de l’ordre, le spectateur comprend vite que ce dernier n’a qu’une autorité toute relative sur ce péquenaud armé et résolu.
De longs plans stylisés hypnotisent le spectateur. Un ronronnement strident donne d’abord l’impression d’un problème de mixage. Avant de comprendre qu’il s’agit de la musique du désert omniprésent. Comme s’il réagissait aux évènements en accélérant son pouls au diapason des personnages. La longue marche initiale laisse place aux courses effrénées à travers les cailloux. Le soleil, les serpents, les parois à pic qui donnent le vertige, le réalisateur utilise sa caméra à la perfection dans une mise en scène toxique en diable. Et comme le tireur impitoyable est accompagné de son fidèle compagnon à 4 pattes, les migrants semblent n’avoir aucune chance. Entrainé à tuer, le toutou participe à la traque avec entrain…
Tant à dire sur ce film puissant. Les âmes sensibles souffriront d’asphyxie ou de vertige devant ce film ultra intelligent… quant aux acteurs, Gaël Garcia Bernal et Jeffrey Dean Morgan se livrent à un mano a mano qui fera date.
Désert de Sonora, Sud de la Californie. Au cœur des étendues hostiles, emmené par un père de famille déterminé, un groupe de mexicains progresse vers la liberté. La chaleur, les serpents et l’immensité les épuisent et les accablent… Soudain des balles se mettent à siffler. On cherche à les abattre, un à un.
Sortie : le 13 avril 2016
Durée : 1h34
Réalisateur : Jonas Cuaron
Avec : Gael Garcia Bernal, Jeffrey Dean Morgan
Genre : Thriller
[…] une bombe à voir absolument. Desierto est un thriller anxiogène ultra efficace. Un groupe de migrants mexicains est pris en chasse par […]