Scorsese surprend avec un Silence bien pesant
Le nouveau film de Martin Scorsese bruisse des rumeurs les plus folles. Consacrer tout un long-métrage à deux prêtres jésuites dans le Japon du XVIIe siècle a un petit quelque chose de risqué. Lui qui avait consacré un film entier à l’histoire de Jésus dans La Dernière Tentation du Christ en 1988 revient à un thème religieux loin de ses thématiques mafieuses habituelles. Andrew Garfield et Adam Driver parviennent-ils à captiver le public 2h41 durant malgré l’austérité du sujet?
Beaucoup d’effort mais peu d’effet
Les autorité féodales dans le Japon du XVIIe siècle ont tapé fort pour limiter l’essor du christianisme naissant. Alors que plusieurs centaines de milliers d’habitants étaient déjà convertis, une vague de persécution sans précédent a tué dans l’oeuf l’irrépressible élan de foi. Deux prêtres jésuites partent à la recherche d’un missionnaire soupçonné d’apostasie pour le sauver de ce que les autorités ecclésiastiques pressentent être un féroce chemin de croix. Andrew Garfield et Adam Driver se mettent en quête de Liam Neeson et traversent des villages recroquevillés sur eux mêmes, assistant même à des supplices que les romains de l’an 0 n’auraient pas reniés. Religion, dévouement et sacrifice sont au coeur d’un film qui vise rien de moins qu’à ébranler du coeur à l’âme, sinon quel serait l’intérêt de montrer une quête faite d’aridité et d’intériorisation? Pourtant, le spectacle peine à toucher, se perdant dans des regards contrits et des attitudes défaites aux effets limités. Le syndrome The Revenant est passé par là mais Silence ne parvient que rarement à faire partager le calvaire des protagonistes. Bien que chevelu et barbu, Andrew Garfield semble se démener dans le vide, sans faire passer cette touche de mysticisme qui sauverait le film.
Un exercice de style maladroit
Malgré sa volonté d’ampleur et d’universalité, Silence met à distance à force de longs silences compassés et de caricatures maladroites. Quand ce n’est pas une voix divine qui apparait dans l’esprit du héros, ce sont des samouraïs japonais qui manient l’anglais avec des voix de canards. Car tel est peut être la plus hermétique des barrières que place Scorsese sur la route du public: personnages portugais et japonais sont obligés de parler anglais, transformant les efforts de vérité historique en caricature. Souvenons nous de Mel Gibson qui faisait manier l’araméen ancien à ces personnages, il était impossible de ne pas accrocher à l’intrigue. Martin n’a pas osé, transformant son rêve secret de 30 ans en long métrage vain et retors. Le sujet suffisait à dérouter les spectateurs, son traitement ne pourra que confirmer le doute dans l’esprit d’un public dérouté.
Ce Silence peine à convaincre. Il pourra même lasser, ennuyer ou endormir, ce sera selon votre endurance à l’effort.
XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves.
Sortie : le 8 février 2017
Durée : 2h41
Réalisateur : Martin Scorsese
Avec : Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson
Genre : Historique, Drame