Le réalisateur italien Michelangelo Antonioni a marqué son temps avec ses films exigeants et souvent retors. Avec la ressortie en salles le 16 janvier de 2 films moins connus que les célèbres L’éclipse ou La Notte, à savoir Chronique d’un amour et Le désert rouge, l’accent est mis sur 2 portraits de femme troublées qui naviguent entre aspirations sociales et passions amoureuses.
Chronique d’un amour (1950), un film entre film noir et chronique de moeurs
Chronique d’un amour est un jalon marquant dans la longue carrière d’Antonioni. Lui qui avait réalisé 9 documentaires entre 1943 et 1950, il réalise son premier film en 1950 avec cette première tentative marquée par une forte empreinte moderniste qui va influencer le cinéma de son temps. Porté par le couple formé par Lucia Bosé et Massimo Girotti, le film évolue dans une ambiance de film noir nimbée de mystère. Le noir et blanc fait penser que le film se déroule constamment la nuit, les regards sont fuyants, les sourires sont compassés, les non-dits sont omniprésents. Chronique d’un amour est un premier long-métrage qui annonce les thématiques à venir dans la carrière d’Antonioni, le malaise dans le couple, les différences qui se creusent dans les aspirations de chacun et puis la peur du lendemain mêlée à la crainte de finir seul. Sorte de première tentative d’échafauder un vrai style cinématographique, le film annonce notamment L’Avventura avec une forte thématique catholique souvent plongée en pleine culpabilité vis à vis de leurs actes et de leurs aspirations. Le film est réellement destiné aux aficionados du cinéma italien, si élégant dans sa scénographie et son image.
Synopsis: Un riche industriel milanais charge un détective privé d’enquêteUn riche industriel engage un détective privé pour enquêter sur le passé de sa femme. Se rendant à Ferrare, ville où Paola a vécu et fait ses études, l’homme apprend que sept ans auparavant, la jeune femme a aimé Guido, un modeste vendeur de voitures dont la fiancée s’est suicidée…
Le désert rouge (1964), le premier film en couleur du maitre italien
Le désert rouge a notamment reçu le Lion d’or au Festival de Venise de 1964, en faisant un sommet marquant dans la carrière de Michelangelo Antonioni, notamment par l’utilisation de la couleur pour la première fois. La grande égérie du réalisateur, Monica Vitti, interprète une femme souffrant d’un mystérieux mal. Le film se déroule dans le décor grandement industriel d’une ville portuaire du nord de l’Italie. Des cheminées crasseuses rejettent des fumées noires, les murs sont sales, les décombres encombrent les rues et leurs bas-côtés. Les couleurs sont blafardes, le ciel est gris et chargé de pluie à tomber. L’effet ressenti par le spectateur est immédiatement anxiogène, presque plombant. L’atmosphère oppressante semble un miroir déformant de l’état d’esprit de l’héroïne fragile. Le film n’égrène pas les moments marquants, le quotidien répétitif est la norme, avec l’apparition du regretté Richard Harris et des personnages qui semblent perdus. Le portrait de femme prend toute la place et sert le propos du film, avec subtilité et élégance.
Synopsis: Mariée à un riche ingénieur, Giuliana est sujette à de fréquentes crises d’angoisse. Dans la banlieue industrielle de Ravenne, elle cherche le réconfort auprès de Corrado, un collègue de son mari venu recruter de la main-d’œuvre…