23 rue Couperin à L’Athénée Théâtre Louis Jouvet ou le décloisonnement nécessaire des banlieues françaises

23 rue Couperin
23 rue Couperin, mise en scène de Karim Bel Kacem, théâtre de L’Athénée

23 rue Couperin à L’Athénée Théâtre Louis Jouvet ou le décloisonnement nécessaire des banlieues françaises

L’Athénée Théâtre Louis Jouvet donne carte blanche au jeune metteur en scène et comédien français Karim Bel Kacem pour 5 soirées de représentations à haut risque. Le public parisien est invité à se plonger dans le quotidien d’une cité de banlieue comme il s’en trouve partout en France. L’immersion est surprenante par son parti pris scénique à la fois claustrophobique et musical. 23 rue Couperin ne laisse (presque) pas voir les habitants de la banlieue mais propose à la place des sensations et des sons pour substituer l’imagination aux images caricaturales habituellement proposées par les médias. L’heure de spectacle devient d’autant plus ardue quand un orchestre jazz pop classique occupe la scène pendant la seconde partie du spectacle.

Un spectacle conceptuel ardu à appréhender

23 rue Couperin théorise la vision généralement admise par tous qu’un monde différent existe au sein des banlieues, coupé du reste de la société et vivant avec une inertie qui lui est propre. Le metteur en scène Karim Bel Kacem choisit la cité du pigeonnier à Amiens-Nord avec ses barres d’immeuble nommées avec des noms de compositeurs de musique classique pour une plongée en apnée dans un monde bruyant qui ignore l’extérieur tout comme l’extérieur l’ignore. Le spectacle débute avec une tentative heureusement manquée de suffocation du public, une maquette d’immeuble s’effondre avec bruit et fracas pour signifier la démolition prochaine de 3 barres prévue dans la cité en 2019. La poussière vole et alors s’installe une longue séquence de récit sonore. Des extraits d’allocutions télévisuelles mettent en lumière autant l’inaction des pouvoirs publics pour relier la banlieue au reste de la société que la vie qui fourmille dans ce monde clos. Aucun comédien n’évolue sur scène, seul un personnage monolithique et vêtu de noir actionne un dispositif de lumière arachnophobique et parcourt la scène transformée en chantier. La salle se sent comme positionnée à l’écart de l’action, reproduisant dans le théâtre ce qui se passe dans la réalité.

Un concert en porte à faux

Puis l’Ensemble Ictus offre une prestation musicale d’une trentaine de minutes avec un piano, un clarinettiste, un violon, une guitare et des percutions. La musique pas désagréable semble néanmoins quelque peu décorrélée du monde des banlieues. Pendant que des airs entre le jazz, la pop et le classique se font entendre, le géant noir tente à l’arrière plan de reconstruire une barre initialement détruite. Volontairement ou pas, ses tentatives échouent à la surprise du public. La musique n’évoque plus du tout la banlieue, jusqu’à interroger sur sa valeur ajoutée au spectacle. Personne n’imaginerait que quiconque en banlieue ne puisse écouter en boucle ce type de musique. Enfin Karim Bel Kacem conclut le spectacle en reproduisant in vivo quelques unes des allocutions les plus représentatives entendues initialement. Il harangue et vitupère avant de disparaitre et que le spectacle ne se finisse.

L’heure du spectacle offre une vision toute personnelle de la banlieue, sans scène collective jouée ni réflexion argumentée, jusqu’à épaissir un peu plus le mystère sur ces zones où rien ne se passe vraiment comme ailleurs.

Dates :  du 15 au 19 mai 2018 à 19h
Lieu : Théâtre de L’Athénée (Paris)
Metteur en scène : Karim Bel Kacem
Avec : Fahmi Guerbâa, Karim Bel Kacem, Ensemble Ictus

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Jeu des comédiens
Texte
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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