Tiempo suspendido, un film de Natalia Bruschtein
C’est la réalisatrice, Natalia Bruschtein, qui a présenté son film documentaire sur sa propre grand-mère. Tiempo suspendido est un film très poignant car il met l’accent sur le passé de Laura Bonaparte, mais aussi sur son présent.
Durée : 1h04
Avec : Laura Bonaparte
Ce documentaire parle de la mémoire; celle d’une femme qui s’est inlassablement battue contre l’amnésie historique pour dénoncer les crimes d’Etat en Argentine. Atteinte aujourd’hui de la maladie d’Alzheimer, Laura se libère des douleurs du passé et se détache de sa vie sans trahir la famille qu’elle a perdue.
Laura Bonaparte s’est battue toute sa vie pour que ses trois enfants, son mari et ses deux gendres ne soient jamais oubliés. Tous disparus dans des conditions épouvantables. Laura a été une des fondatrices du mouvement des Mères de la Place de Mai en Argentine. A travers elle, on découvre, encore une fois, toutes les atrocités qu’ont subies les victimes de la dictature argentine. Ces milliers de disparus, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Des souffrances éternelles pour leur famille. Aujourd’hui, ce sont les petits-enfants qui témoignent de l’Histoire de leur pays, de leur famille.
La non-mémoire de cette femme atteinte de la maladie d’Alzheimer, est magnifique.
Si Laura a été une femme très active durant plus de trente cinq ans, et une des premières à intenter un procès à l’armée, elle n’a jamais baissé les bras. Mais le combat était trop inégal. Elle a repris ses études et est devenue psychanalyste et a dû s’exiler au Mexique.
A la fin de sa vie, Laura ne se souvenait plus vraiment de son passé si douloureux et sa petite-fille, Natalia Bruschtein, a su manipuler la caméra avec beaucoup de pudeur en préservant l’intimité de cette vieille dame et celle de sa famille.
Lors du débat qui suivit la projection, une femme argentine a fait un témoignage très poignant et a demandé, les larmes aux yeux, que ce film soit diffusé en Argentine… Ce serait aussi le vœu le plus cher de la réalisatrice qui vient d’obtenir Le Grand Prix au Festival de Budapest avec son film Tiempo Supspendido.
Elle a aussi reçu le Prix Spécial du Jury section Cinéma Documentaire Ibéro-américain au Festival International de Cinéma de Guadalajara 2015 (Mexique).
Des prix amplement mérités ! Et peut-être un Prix au Festival de Biarritz !
Magallanes, un film de Salvador del Solar
Salvador del Solar présente lui-même son film, en présence de la productrice, et d’un acteur. Il a été lui-même acteur, connu au niveau international, durant une vingtaine d’années et réalise avec Magallanes son 1er film.
Durée : 1h49
Réalisateur :Salvador del Solar
Avec : Damián Alcázar, Magaly Solier, Federico Luppi
Un soir, Magallanes voit monter dans son taxi Célina, une femme qu’il a connue durant les violentes années au cours desquelles il était soldat de l’Armée Péruvienne, en lutte contre le Sentier Lumineux, une organisation terroriste responsable de nombreux attentats. Dans ce qui finira par se convertir en une quête personnelle de rédemption, Magallanes fera tout son possible pour aider Célina à surmonter la situation difficile qu’elle traverse.
Encore une fois, le film fiction Magallanes rejoint une certaine réalité. Une dure réalité. Celle des violences commises par l’Armée péruvienne alors qu’elle était censée combattre les terroristes appartenant au Sentier Lumineux.
C’est un film très entier, très poignant. Célina a été abusée par un Colonel, alors qu’elle n’avait pas 14 ans. Elle a vécu dans des conditions inhumaines durant une année avant de pouvoir s’enfuir du camp où elle était retenue prisonnière. Autour de Célina, le réalisateur nous entraine dans un thriller incroyable où le suspens ne nous quitte jamais.
La terreur et l’horreur. Encore et encore.
Mais à la fin du film, on est « sonné » par tant de blessures, tant de violences et tant d’injustices. Encore davantage lorsqu’on a appris qu’il y a une douzaine d’années un rapport de la vérité a été publié et aucune personne n’a été jugée.
Il fut très difficile de débattre après tant d’émotions, un peu comme lorsque Célina s’exprime en quechua à la fin du film et qu’aucun sous-titre n’apparaît. Pas besoin de traduction. Aucun membre du commissariat ne comprenait le quechua, mais chacun a très bien compris ce qu’a exprimé Célina. Nous, ce fut exactement la même chose. Incapables de nous exprimer, mais nous avons tous ressenti la même détresse, la même souffrance.
Beaucoup, beaucoup d’émotions.
[…] 2ème jour Festival de Biarritz : Tiempo suspendido et Magallanes […]
[…] de développer son projet de documentaire d’animation. Elle n’a pas eu de prix pour son film Tiempo suspendido mais elle repart avec une très belle […]