99 Homes, film perturbant de Ramin Bahrani, sortie en e-cinema le 18 mars
99 Homes creuse le sillon du film social post crise des supprimes en 2008. Les impacts de la crise financière ont fait éclore un nouveau genre cinématographique en soi, montrant les travers d’un système financier devenu fou. Récemment The Big Short ou Margin call insistaient sur l’aspect purement frauduleux de la crise avec des financiers devenus fous. Ramin Bahrami choisit de placer son curseur au niveau de la population, ces gens qui ont cru pouvoir investir massivement et se sont retrouvés le bec dans l’eau une fois la crise survenue. Un film dérangeant par son parti pris direct. Quand l’homme est un loup pour l’homme, certains profitent du festin quand d’autres se font dévorer tout cru…
Le film choisit le réalisme le plus cru pour dénoncer la logique perverse d’un système[…]
L’encore excellent Michael Shannon et le surprenant Andrew Garfield interprètent deux personnages antagonistes. Le premier personnifie le cynisme de celui qui n’hésite pas à amasser de fortes sommes d’agent sur le malheur des autres. Il supervise les expulsions sous le regard bienveillants des forces de l’ordre et verse des larmes de crocodiles en attendant d’amasser une substantielle plus value. Le second est séduit par cette impunité légitimée par les organismes légaux. Lui-même viré de chez lui, il souhaite se refaire et choisit le côté obscur. La loi, la justice, la police, tous forcent les populations incapables de payer leurs emprunts à quitter leur maison. Un système est mis à jour, celui des effets pervers de la crise des supprimes. Des familles entières ont été encouragées à s’endetter à taux variable. Et qu’advint-il une fois la crise survenue? Les mêmes familles se sont retrouvées forcées de quitter les lieux car incapables de payer leurs emprunts devenus exorbitants. Hypocrisie totale d’un système qui roule dans la gadoue les honnêtes gens après leur avoir fait miroiter une opulence factice.
Le film choisit le réalisme le plus cru pour dénoncer la logique perverse d’un système privilégiant le gain immédiat au bien être collectif dans la durée. Car en plus de perdre leurs biens, les familles ont souvent perdu emploi et ressources financières. La triple peine pour des individus trompés et floués. Michael Shannon sait très bien jouer l’individu sans scrupules au sourire de crocodile. Après The Runaways ou The Iceman, il endosse une fois de plus les habits de la crapule de service. Et comme il sait également très bien jouer le mec bien, le flou apporte une profondeur inouïe à ses performances. Andrew Garfield retrouve les qualités entrevues dans The Social Network en interprétant un gars bien, séduit par les délices de l’impunité. Quant à Laura Dern, elle joue une fois de plus l’américaine de base, faussement naïve mais très forte en dedans.
Un film destiné au E-Cinéma malgré son prix au Festival du film américain de Deauville. Une sorte de film nécessaire pour ne pas se couper de la réalité et entrevoir la vérité sur ceux qui nous dirigent. Ils ne veulent pas forcément du bien… méfiance…
Rick Carver, homme d’affaires à la fois impitoyable et charismatique, fait fortune dans la saisie de biens immobiliers. Lorsqu’il met à la porte Dennis Nash, père célibataire vivant avec sa mère et son fils, il lui propose un marché. Pour récupérer sa maison, sur les ordres de Carver, Dennis doit à son tour expulser des familles entières de chez elles.
Sortie : le 20 janvier 2016
Durée : 1h47
Réalisateur : Ramin Bahrani
Avec : Andrew Garfield, Michael Shannon, Laura Dern
Genre : Drame
il est pas mal très intéressant merci , captivent