A beautiful day, le film constat d’une Amérique malade

A beautiful day
A beautiful day, film de Lynne Ramsay, Copyright SND

A beautiful day, le film constat d’une Amérique malade

La réalisatrice de We need to talk about Kevin revient avec un film doublement primé au dernier Festival de Cannes avec le prix de la meilleure interprétation masculine pour Joaquin Phoenix et le prix du meilleur scénario. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux récompenses sont amplement méritées tant l’acteur remplit intégralement l’espace tandis que le film multiplie les niveaux de lecture et les révélations. Court (1h30) mais intense, A beautiful day est rien de moins qu’un des films majeurs de l’année 2017.

Un personnage tourmenté

Impossible de débuter l’article sans souligner deux erreurs monumentales liées à la promotion de A beautiful day. D’abord le titre français. You were never really here correspond bien mieux à l’esprit du film qu’un A beautiful day sans ampleur ni signification. Quant au pitch de l’affiche Le taxi driver du 21e siècle repris d’un article de The Times, il ne veut tout simplement rien dire. Ceci étant clarifié, A beautiful day dresse surtout le portrait d’une Amérique malade, et sévèrement. Le héros Joe est rentré traumatisé de la guerre d’Irak et survit chez sa mère en réalisant des missions de récupération d’adolescentes rentrées dans des réseaux de prostitution. Un Joaquin Phoenix alourdi, chevelu et mastoc comme aux plus belles heures de I’m still here (d’où l’intérêt du titre original tel un clin d’oeil à cet opus déjanté) campe un personnage torturé et à la marge d’une société américaine où il n’a plus sa place. Comme pour les vétérans rentrés du Vietnam pendant les années 70, les soldats revenus d’Irak avec un stress post traumatique sont abandonnés à leur sort sans soutien ni aide. La vie de Joe découle directement de cette expérience choquante, ce que démontrent avec subtilité des courts flashbacks qui ravivent des souvenirs de guerre mélangés à des images d’enfance qui suggèrent le souvenir vivace d’un père violent. Les agissements de Joe s’expliquent par ce terreau fertile le faisant agir avec une violence totale si les circonstances le requièrent.

Un film à tiroirs 

Le scénario du film fait déambuler le héros entre deux missions et son cocon familial protégé où évolue une mère elle-même détachée du réel. Le rythme du film volontairement lent mélange avec brio images et musique industrielle collée à l’état d’esprit du héros. Des rythmes brutaux ou au contraire plus doux soulignent les émotions d’un personnage plus vraiment présent dans ce monde. Livré à lui-même et extrêmement efficace pour mener à bien ses missions, il ne s’ouvre à personne et semble devenu un autiste renfermé sur lui-même. A contrario, la décadence d’une société américaine ouverte aux pires tabous met en relief une déliquescence sociétale généralisée. Les gens de pouvoir semblent n’avoir aucune limite pour abuser du système, comme le démontrent les comportements iniques des sénateurs et leurs somptueuses demeures. Des scènes de violence voilée transforment Joe en ange exterminateur et surtout sans pitié pour tous ceux qui ont perdu tout sens moral. Le film n’utilise aucun effet spécial et se concentre sur une psychés abimée. En cela, Joaquin Phoenix est fascinant avec son jeu à l’économie et son regard perpétuellement habité. A ses côtés, les autres acteurs apparaissent peu à l’écran et ne marquent pas le spectateur.

Exercice de style scénarisé au cordeau, A beautiful day marque les spectateurs par l’austérité de son intrigue et la profondeur de ses enjeux. Joe est le héros d’une Amérique du XXIe siècle malade où le seul moyen de survivre semble être la marginalisation. Un dim à découvrir absolument actuellement au cinéma.

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A beautiful day
A beautiful day

La fille d’un sénateur disparaît. Joe, un vétéran brutal et torturé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence…

Sortie : le 8 novembre 2017
Durée : 1h30
Réalisateur :  Lynne Ramsay
Avec : Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola
Genre : Thriller, Drame

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NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Réalisation
Jeu des acteurs
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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