A l’Opéra Garnier, Gil Roman en haute fidélité à Béjart

A l'Opéra Garnier, Gil Roman en toute fidélité à Béjart
Crédits photographiques : © Laurent Philippe / Opéra national de Paris

A l’Opéra Garnier, Gil Roman en haute fidélité à Béjart

Le Béjart Ballet Lausanne est l’invité en ce début d’année de l’Opéra Garnier avec au programme « Tous les hommes presque toujours s’imaginent », une création de Gil Roman, son directeur, et quatre pièces emblématiques de Maurice Béjart, son fondateur. La compagnie, fidèle à sa vocation, fait vivre l’œuvre de Béjart tout en demeurant un espace de création.

Comme en témoigne la pièce d’ouverture « Tous les hommes presque toujours s’imaginent » sur une partition du compositeur new-yorkais expérimental John Zorn, qui abolit toute temporalité et met en scène une traversée musicale dans un geste autant dansé que spirituel.

Avec ce ballet, Gil Roman explore les relations humaines, les illusions et les fantasmes qui nous habitent tous et dont la résonance se déploie entre rêve et réalité, l’ici et l’ailleurs. Fantasmés ou réels, les protagonistes sont en quête et se cherchent, se désirent et se rejettent portant en eux toute la complexité de l’âme humaine.

La gestuelle limpide et ciselée imprime une part d’onirisme et de songe poétique où l’expressivité des corps – entre pas de deux, solos, danses de groupe – s’accorde à ce rêve éveillé.

La danse sans frontières 

Avec « Bhakti III » et la suite du programme, on revient à Béjart chorégraphe et à son imprégnation à toutes les cultures. Et à sa grammaire chorégraphique toujours lisible et fluide qui consacre avec cette marque si particulière, l’expressivité du geste à l’exaltation de la musique, surfant sur les bases de la danse classique et académique tout en impulsant une modernité emprunte des courants néo-classiques et modernes.

Sur une musique traditionnelle indienne, il met en scène un duo autour de deux variations : Shiva Dieu de la Destruction (et de la Danse) et Shakti, son épouse, qui n’est autre que son énergie vitale qui émane de lui et retourne en lui, immobile et pourtant éternellement en mouvement. Un pas de deux qui s’orchestre dans un rite aussi géométrique qu’acrobatique.

Pour le Duo extrait du ballet Pyramide – El Nour crée en 1990 sur une musique islamique, Valerija Frank et Julien Favreau compose un duo solaire et habité d’une transcendance spirituelle.

Dans Dibouk, Béjart convoque les traditions musicales juives et la thématique de l’attirance. Kathleen Thielhelm et Dorian Browne donnent chair à ce couple promis l’un à l’autre et captifs à tous les emportements.

Enfin, pour clore la soirée en majesté, « 7 Danses grecques », un des chefs-d’œuvre de Béjart où le charme opère d’entrée avec cette chorégraphie enlevée à la rigueur mathématique sur une musique de Mikis Theodorakis. La danse en groupe exalte les racines d’un peuple où la Grèce est d’autant plus présente que les emprunts à son folklore sont minimes et où Béjart lui insuffle son vocabulaire inimitable. Bravo !

Dates : du 5 au 7 janvier 2024 – Lieu : Palais Garnier (Paris)
chorégraphie : Gil Roman / Maurice Béjart

NOS NOTES ...
Originalité
Chorégraphie
Amaury Jacquet
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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