Arythmie, l’anatomie d’un couple ausculté tout en nuances
Prévu sur les écrans français le 1er aout prochain, Arythmie a tout d’un petit miracle. L’histoire de ce couple d’urgentistes confronté aux aléas de la vie est aussi belle que son affiche peut le laisser penser. Espoirs et déceptions se succèdent dans une farandole de sentiments contrariés. Entre les avanies professionnelles et les contrariétés amoureuses, l’existence d’Oleg et Katia a tout du champ de ruines parsemé de mines. Réussiront-ils à recoller les morceaux malgré les contrariétés?
De fausses pistes en renaissances
Les deux acteurs Irina Gorbacheva et Alexander Yatesenko sont formidables. Ils se fondent parfaitement dans le parti pris naturaliste du réalisateur Boris Khlebnikov pour donner des airs de documentaire au film. Tel une caméra cachée, l’objectif du réalisateur les suit pas à pas entre leur vie professionnelle éreintante et l’impasse de leur vie sentimentale. Astreints à des multiples gardes, à une hiérarchie kafkaïenne et à des réformes qui les épuisent, ils ne parviennent plus à se retrouver et à communiquer normalement. La pression ressentie par Oleg le motive à boire plus que de mesure pendant son temps libre, lui collant une réputation d’alcoolique à la peau, lui si impliqué dans son travail. Le film multiplie les fausses pistes pour dévoiler une réalité beaucoup plus simple. Les rêves de jeunesse du couple se sont abimés sur les murs de l’existence. Eux qui rêvaient à une vie stimulante et confortable, leur parcours ressemble plus à de la subsistance qu’à une lente montée dans l’échelle sociale. Le capitalisme russe ne les comble pas, le système hospitalier est en première ligne des coupes budgétaires, comme tant d’autres pays, là où d’autres secteurs plus financiers jubilent. Le tableau brossé par le réalisateur interpelle par sa véracité morose proche du découragement. Mais aucun des deux protagonistes ne tient à lâcher le morceau, leur ténacité est un beau motif d’espoir dans des lendemains qui chantent. Katia est un beau personnage tourmenté qui voudrait que les choses s’améliorent sans savoir par où commencer. La très belle affiche montre les deux versants de leur quotidien, le film prend son temps pour déjouer les fils le leurs tourments, un temps nécessaire pour toucher le spectateur et créer une empathie galopante pour ces deux passionnants personnages.
Arythmie est une pépite de cinéma russe à ne pas manquer début août au cinéma. Tant de douceur et de réalisme fait plaisir à voir, sans explosions ni effets spéciaux mais avec deux acteurs qui donnent envie de les suivre par leurs jeux tout en nuances et en naturalisme. Une vraie beauté de film.
Katia et Oleg sont un couple d’urgentistes en Russie.
Oleg est brillant, mais son métier l’absorbe. Confronté chaque jour à des cas difficiles, l’alcool l’aide à décompresser. Katia ne se retrouve plus dans cette relation. A l’hôpital, un nouveau directeur applique des réformes au service de la rentabilité. En réaction, Oleg s’affranchit de toute limite et l’équilibre du couple vacille plus encore.
Sortie : le 1er aout 2018
Durée : 1h56
Réalisateur : Boris Khlebnikov
Avec : Alexander Yatsenko, Irina Gorbacheva, Nikolay Shraiber
Genre : Drame