Les éditions Christian Navarro présentent un livre d’entretiens entre le réalisateur Philippe Clair et Gilles Botineau, Authentique mais vrai !. Celui qui est né Prosper Charles Bensoussan au Maroc est quelque peu passé de mode et peu sont ceux qui le connaissent dans la nouvelle génération. Il a pourtant popularisé l’humour pied noir au cours des années 70 avec des films comme La grande Java, La grande Maffia, Tais-toi quand tu parles ou Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir. Les succès publics ont quelque peu contrasté avec les critiques assassines qui ne l’ont jamais ménagé. Il cherche à rétablir la vérité avec sa vérité à lui dans cet ouvrage truculent, très subjectif et très agréable à lire.
Le cinéma à la mode pied-noir
La chronologie des films de Philippe Clair sert de fil rouge aux différents chapitres du livre. Du premier Déclic et des claques en 1964 jusqu’au dernier Si tu vas à Rio… tu meurs en 1987, c’est toute une carrière qui défile avec ses coups de cœur et ses coups de gueule. Le premier film a d’ailleurs fait l’objet d’un authentique remake déguisé avec La vérité si je mens, sans qu’il ne soit jamais cité, ce qui est assez représentatif selon lui de sa place dans l’histoire du cinéma français. Il a pourtant lancé la troupe des charlots en 1970 avec la Grande java, Aldo Maccione dans la Grande Mafia en 1971 et dirigé Jerry Lewis. Les acteurs ne l’ont jamais lâché, il a d’ailleurs notamment fait jouer Michel Galabru et Alice Sapritch, le public lui a fait des grands succès publics, mais le mal provient selon lui de films qu’il a influencés et qui devenus des navets dont la postérité lui donne la responsabilité. Le réalisateur disserte sur sa carrière, distribuant les bons et les mauvais points, se prêtant des talents innés de comique et de gagman à l’origine de quelques films au-delà du million de spectateurs. Mais comme il est avant tout à l’origine de gags restés dans la légende, il souligne surtout sa capacité innée à multiplier les films humoristiques comme les bons pains. De quoi sérieusement revoir la hausse sa place dans la postérité. Le livre regorge surtout d’anecdotes qui offrent un éclairage unique sur le monde du cinéma, pas toujours ragoutant. La passion du cinéma et la persévérance du personnage ressortent à chaque page et suscitent l’admiration pour un personnage qui a su faire fi des mauvais langues pour creuser son sillon coute que coute.
Le livre est une sorte de testament pour redonner ses lettres de noblesse à un réalisateur trop souvent vilipendé par la critique, à la limite de la mauvaise foi gratuite, ce qui donne envie de lire le livre pour en savoir plus et rentrer au cœur d’une passionnante histoire du cinéma.
Synopsis: Dans cet ultime ouvrage, le réalisateur de Rodriguez au pays des merguez, Tais-toi quand tu parles, Plus beau que moi tu meurs et Par où t’es rentré… On t’a pas vu sortir se dévoile comme jamais et nous entraîne dans un univers haut en couleur. D’Annie Girardot à Jerry Lewis, en passant par Fernandel, Michel Galabru, Gérard Oury, Louis de Funès, Jacques Dufilho, Les Charlots, Aldo Maccione et Sergio Leone, Philippe Clair évoque ainsi ses plus belles rencontres (mais également les pires), sans oublier ses succès, ses échecs, ses colères… parfois même, ses regrets.
Un livre constitué de nombreux documents inédits : photos de tournage, affiches étrangères, lettres, etc.
Décédé le 28 novembre 2020 à l’âge de 90 ans, l’homme laisse derrière lui une œuvre incroyablement riche, souvent méprisée, mais qui a su faire rire des millions de spectateurs.