Avec toutes mes sympathies, un cri d’amour de Olivia de Lamberterie (Stock)
Olivia de Lamberterie, tout le monde la connaît, ou presque ! Elle est journaliste à Elle et chroniqueuse littéraire à Télématin sur France 2. On a rendez-vous avec elle tous les matins au petit déjeuner ! Mais cette fois-ci, Olivia de Lamberterie écrit son premier livre, un essai, Avec toutes mes sympathies, qui a reçu le Prix Renaudot essai 2018. Prix largement mérité !
Cri d’amour
Si Avec toutes mes sympathies est un livre profond, sérieux, triste, il est aussi un immense cri d’amour de l’auteur à son frère, Alexandre, dit Alex. Il avait 46 ans quand il a décidé d’en finir avec la vie. Il habitait au Canada, était directeur artistique chez Ubisoft. Sa femme et ses deux enfants habitent à Montréal.
Non seulement perdre son frère est douloureux, mais le perdre par suicide est une « double peine » explique l’auteur.
Impossible de comprendre
Toute sa famille savait qu’Alex souffrait de dépression, sans mettre réellement de diagnostic sur le mal qui le rongeait. Ou juste avant la fin. Trop tard sans doute. Il souffrait de dysthymie, une dépression que l’on ne peut pas guérir et que l’on n’explique pas. Peut-être d’origine génétique ? Car dans la famille Lamberterie, on se suicide beaucoup. Beaucoup trop.
Douleurs insupportables
Bien sûr, un frère est toujours un frère. Alex était le seul garçon au milieu de trois filles. Une belle fratrie. Les quatre doigts de la main. Alex disant avoir tout pour être heureux, une femme qu’il adore, des enfants merveilleux, une famille extra, des amis très présents, mais rien n’y a fait. Alex était trop mal pour continuer à vivre, malgré tous les soutiens qu’il a eus durant toute sa vie. Et cela, Olivia, sa sœur, ne le supporte pas. Comment n’a-t-elle pas pu l’empêcher de faire ce geste irréversible ? Comment vivre sans lui ? Cela lui paraît tout simplement impossible. Elle aime ce frère, depuis toujours, et n’accepte pas sa mort et encore moins du fait d’avoir été désirée par lui.
Le deuil, la mort, la vie
Si écrire ce livre fut sûrement une thérapie pour Olivia, pour le lecteur c’est aussi une profonde réflexion sur des thèmes qu’on n’aime pas forcément aborder : le suicide, la dépression, les maladies mentales, les souffrances morales, la mort, mais aussi l’amour, la compréhension, et la vie au-delà de la mort. Tout au long du livre, on évolue avec l’auteur. Intimement. Dignement.
Bien sûr le lecteur va ressentir la colère, l’incompréhension, la douleur, mais aussi l’amour qu’Olivia a pour ce frère disparu. Un véritable cri d’amour qui restera bien vivant en elle, éternellement.
Avec toutes mes sympathies, veut dire à Montréal, avec toutes mes condoléances. Publik’Art a envie de dire à Olivia de Lamberterie, merci. Merci pour ce livre fort, douloureux, mais aussi plein d’énergie vitale dont nous avons tous tant besoin. Avec toutes nos sympathies françaises, Olivia ! Et toutes nos félicitations pour ce très beau cadeau que vous nous avez fait.
Avec toutes mes sympathies restera gravé longtemps dans notre mémoire. Notre vrai coup de cœur !
« Les mots des autres m’ont nourrie, portée, infusé leur énergie et leurs émotions. Jusqu’à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la nécessité d’écrire. Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux.
Moi, je ne voulais pas me taire.
Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante, aimante et aimée. Il s’est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son courage, dire le bonheur que j’ai eu de l’avoir comme frère, m’a semblé vital. Je ne voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation. Je désirais inventer une manière joyeuse d’être triste.
Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants. »