Babi Yar. Contexte a été récompensé par le Prix Spécial du Jury de L’Œil d’or au Festival de Cannes 2022 et le Prix Ciné+ au FIPADOC 2022. Uniquement à l’aide d’images d’archives, avec du son d’époque, quelques textes et pas du tout de commentaires, le réalisateur ravive les évènements des 29 et 30 septembre 1941 quand les SS ont sommairement liquidé plus de 33 000 juifs dans le ravin de Babi Yar. Images difficiles pour ne pas perdre une fois de plus la mémoire sur cet évènement tragique.
Pour ne pas oublier
Le réalisateur Sergei Loznitsa vivait à Kiev quand il était petit et allait à la piscine près d’une région où le ravin de Babi Yar était situé. Voyant une plaque et ne connaissant pas cette histoire, l’enfant a interrogé les adultes, sans réponse claire. Amnésie? Oubli? Pendant longtemps, la tragédie de Babi Yar a été occultée, le régime communiste n’en parlait alors pas et la mémoire collective a fait le choix de passer l’évènement sous silence, certainement par honte car au-delà des SS, la population locale a joué un rôle ambigu dans l’affaire. Le réalisateur pointe du doigt la nature humaine si complexe pour étayer son propos, mieux vaut parfois oublier que de culpabiliser. A l’aide d’images d’archives parfois réalisées par les soldats allemands eux-mêmes, Sergei Loznitsa reconstitue l’histoire de Babi Yar, en soulignant le contexte historique, pas d’images de l’évènement mais une narration qui englobe une plus longue période de temps. Non exploitables pour les films de propagande, les images reviennent sur la vie de tous les jours à Kiev dans les années 1941-1943. Longtemps enterrées dans les archives, les images ressortent enfin et montrent un quotidien au plus près de la réalité. Personne ne les avait jamais vues, pas même les spécialistes de l’holocauste en URSS. Des images inédites et terribles apparaissent comme celles de la dernière exécution publique à Kiev, en janvier 1946, où 12 criminels nazis furent pendus sur la place centrale de Kiev devant une foule nombreuse, rappelant les mœurs barbares de l’époque médiévale. La libération de Kiev n’est pas qu’une histoire de victoire, les envies de vengeance suivent de près. Le réalisateur est à l’origine de 22 films documentaires salués par la critique internationale et de 4 longs métrages de fiction tous présentés en sélection officielle au Festival de Cannes.
Le documentaire laisse un gout amer devant des images d’un réalisme terrifiant. 1941 ne semble plus si loin, surtout que d’autres exactions sont actuellement commises en Ukraine par les troupes russes.
Synopsis: Les 29 et 30 septembre 1941, le Sonderkommando 4a du Einsatzgruppe C, avec l’aide de deux bataillons du Régiment de Police Sud et de la Police auxiliaire ukrainienne, a abattu, sans la moindre résistance de la part de la population locale, 33 771 Juifs dans le ravin de Babi Yar, situé au nord-ouest de Kiev. Le film reconstitue le contexte historique de cette tragédie à travers des images d’archives documentant l’occupation allemande et la décennie qui a suivi. Lorsque la mémoire s’efface, lorsque le passé projette son ombre sur le futur, le cinéma est la voix qui peut exprimer la vérité.
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