En 1992, la planète ciné s’affolait sous les coups de boutoir d’un réalisateur néerlandais toujours friand de polémique. Des scènes explicites n’y allaient pas par quatre chemins pour montrer la relation toxique entre un policier chargé en hormones interprété par Michael Douglas et une romancière moralement ambigüe sous les traits d’une volcanique Sharon Stone. Il n’en fallait pas plus pour affoler les médias. L’érotisme soft peut aujourd’hui prêter à sourire mais la caméra du maitre savait y faire pour révéler les félures des personnages. Alors, on y retourne?
Sous les ébats, le crime
Basic Instinct a gagné ses galons de film culte si on en juge par le nombre de parodies et de références qui ne cessent de jaillir annuellement. La scène de l’interrogatoire, forcément, ne cesse de faire tressaillir les sourcils. Si le film a formellement un peu vieilli, il reste d’une efficacité absolue avec ce policier constamment poussé à bout dans ses retranchements et au-delà, sous les coups de boutoir d’une belle incendiaire. Le propos n’était déjà pas très consensuel à l’époque, il l’est encore moins aujourd’hui. Le mâle dominant use de sa force, l’héroïne revêt la beauté du diable, la relation relève d’un fantasme sociétal pur, pas du tout crédible, mais tellement cinématographique. Quasiment blonde hitchcockienne, elle invoque d’autres actrices blondes qui ont hanté avant elle le cinéma du maitre anglais, pas toujours des anges, pas tout à fait des démons, mais suffisamment ambivalentes pour permettre la comparaison. Le réalisateur se concentre sur ses deux protagonistes, éludant les effets de style pour les faire occuper l’espace, encore et encore, parfois trop, sacrifiant une certaine subtilité espérée pour verser dans la caricature outrancière. Mais c’est le jeu, on parle d’assassin et de meurtres, et d’ébats volcaniques, il s’est donc mis au niveau, donnant au film une belle unité globale. L’héroïne cherche de la matière pour ses écrits, elle se met en scène et n’hésite pas à en faire des tonnes, pour l’amour de l’art en somme. Le mâle alpha devient un mouton de panurge, mené en bateau par son égo et son appétit, le piège parfait.
Le film est de retour en version restaurée 4K, également disponible en édition limitée steelbook UHD / 2 blu-ray avec un livret incluant les notes de production et de restauration et plus de 2 heures de bonus, de quoi donner envie de replonger dans les nineties avec ce délicieux gout d’interdit.