Cas de conscience, d’un fait divers un drame dans l’Iran contemporain
Cas de conscience part d’un fait divers regrettable aux conséquences tragiques. En voulant éviter une voiture au conducteur revêche, le Docteur Nariman (Amir Aghaei) accroche malencontreusement un scooter transportant une famille, père, mère et petit garçon inclus. Un incident de la vie qui ne cesse de tourmenter le médecin, sentiment exacerbé par l’arrivée du corps du petit garçon de la-dite famille à la morgue de son hôpital le lendemain. Le médecin est-il coupable de sa mort? Le film s’enfonce dans des sentiments tortueux et contradictoires qui révèlent les magouilles d’un système économique à 2 vitesses dont les nécessiteux sont les premières victimes. Cas de conscience pose une chape de plomb dans l’esprit du spectateur captivé par ce drame de la vie courante dans l’Iran contemporain.
Une histoire à tiroirs
Cas de conscience confronte des individus issus de classes sociales vivant dans le même pays mais dans des conditions quasiment opposées. Le Docteur Nariman bénéficie de conditions de vie confortables mais il ne reste pas enfermé pour autant dans sa bulle. Il a du mal à se remettre de l’accident qu’il provoque involontairement et ne cesse de solliciter le père de famille Moosa (excellent Navid Mohammadzadeh récompensé à juste titre au Festival de Venise du Prix Orizzonti de la meilleure interprétation masculine) pour lui venir en aide. Les refus répétés de ce dernier soulignent sa fierté malgré ses conditions de vie difficiles. L’enjeu du film tourne autour des causes de la mort du jeune garçon, est-il mort suite à l’accident ou pour d’autres raisons? Les deux interprètes masculins vivent chacun un marasme intérieur, tous deux dévorés par leur propre culpabilité et par des visions personnelles de la vérité. La performance de Navid Mohammadzadeh est assez exceptionnelle, tant le spectateur n’a aucun mal à imaginer la rage intérieure de celui contre qui la vie s’acharne malgré son évidente bonne volonté. Le drame a parfois des allures de thriller avec un inaltérable réalisme qui privilégie le jeu des acteurs et des décors naturels.
Le cinéma iranien aime proposer des pépites scénaristiques à intervalles réguliers, Cas de conscience ne déroge pas à la règle. Les performances d’acteur et le scénario à tiroirs ouvrent une lucarne sur une société inégalitaire qui interpelle. Pas de mollahs ici, juste un drame de la vie quotidienne, puissant et prenant.
Un soir, seul au volant, le docteur Nariman tente d’éviter un chauffard et renverse une famille en scooter. Il les dédommage pour les dégâts matériels et insiste pour qu’Amir, leur enfant de 8 ans légèrement blessé, soit conduit à l’hôpital. Deux jours plus tard, à l’institut médico-légal où il travaille, Nariman s’étonne de revoir la famille, venue veiller le corps sans vie d’Amir. Le rapport d’autopsie conclut à une intoxication alimentaire. Mais Nariman a du mal à accepter cette version officielle qui pourtant l’innocente.
Sortie : le 21 février 2018
Durée : 1h44
Réalisateur : Vahid Jalilvand
Avec : Navid Mohammadzadeh, Amir Aghaei, Zakieh Behbahani
Genre : Drame