Sortie : 19 novembre 2014
Durée : 1h58
Avec : John Malkovich, Veronica Ferres, Florian Boesch
Synopsis :
« Viva la libertà ! » s’écrie Casanova, seul dans sa demeure, avant de s’évanouir.
Lorsque la belle et mystérieuse écrivaine Elisa von der Recke vient lui rendre visite, elle insuffle à nouveau un peu de vie chez le vieil homme.
Un film qui capture le mythe du plus grand séducteur de tous les temps, Giacomo Casanova. Son histoire est racontée à la fois de sa dernière demeure et sur scène, à travers des extraits d’opéra nous livrant ainsi ses aventures, ses passions et sa peur de la mort.
L’histoire du célèbre séducteur et aventurier Giacomo Casanova a déjà été porté à l’écran de nombreuses fois, du Casanova (1926) de Alexandre Volkoff, en passant par Les aventures de Casanova (1947) de Jean Boyer, Le chevalier mystérieux (1948) de Riccardo Freda, Casanova, un adolescent à Venise (1969) de Luigi Comencini, Le Casanova (1976) de Federico Fellini avec Donald Sutherland, La nuit de Varennes (1982) de Ettore Scola et encore Le retour de Casanova (1992) de Edouard Niermans avec Alain Delon. Ces deux dernières œuvres contrairement aux précédents montrent pour un Casanova vieillissant, ce sera le cas et le thème de Casanova Variations avec John Malkovich dans le rôle du séducteur, comme un lien également avec le Valmont qu’il incarnait dans Les liaisons dangereuses (1988) de Stephen Frears.
Dans le film de Michael Sturminger, une ancienne maîtresse que Casanova a rencontré dans sa jeunesse et éperdument amoureuse au point d’avoir tenté de mettre fin à ses jours pour lui à l’époque, vient le retrouver avec l’intention d’écrire sur lui en secret, mais aussi pour lui avouer un amour qu’il ne partage pas et dont il n’a pas le souvenir, Elisa von der Recke n’étant pour lui qu’une des nombreuses conquêtes qui ont passé dans sa vie. Veronica Ferres apporte à ce rôle une ambiguïté et un mystère, l’aime t-elle vraiment ou est-elle là par vengeance afin de recueillir des informations sur sa vie en consultant son manuscrit afin d’en tirer sa biographie ? Et ainsi lui porter préjudice en le ridiculisant aux yeux d’une aristocratie dont il ne fait pas parti, mais pour laquelle il nourrit un profond respect et intérêt, en partie parce qu’il y doit sa subsistance.
Entre Elisa et Giacomo va se jouer un duel dialogué entre la séduction et la revanche, convoquant les fantômes du passé de ces deux anciens amants. Elisa apparaît comme l’amour qu’il aurait pu aimé et garder auprès de lui et, trop aveuglé par une soif d’hédonisme et de liberté, ne l’a laissé que passer dans sa vie aventureuse. Elle semble venir à lui comme pour l’avertir que l’heure des comptes à sonné et qu’elle sera celle qui symbolisera toutes les femmes dont il a abusé les sentiments.
L’originalité de Casanova Variations, qui a d’abords connu une version théâtrale, repose sur une mise en scène très audacieuse alliant à la fois l’opéra, avec des extraits de Don Giovanni, Les noces de Figaro et Così fan tutte de Mozart et la littérature en s’appuyant le manuscrit autobiographique de presque 5000 pages rédigé par Giacomo Casanova lui-même. Ainsi le spectateur a l’impression de suivre un spectacle filmé dont les décors s’ouvriraient jusque dans les coulisses, faisant évoluer les acteurs dans un monde qui n’est ni vraiment celui du cinéma, ni complètement celui du théâtre filmé. Un étrange objet filmique mais c’est aussi ce qui en fait la singularité et l’intérêt. La caméra à l’épaule constamment en mouvement (parfois trop) suit les acteurs à travers des décors tantôt réels, tantôt fabriqués. Au-delà d’une mise en scène expérimentale, le film possède une intrigue classique. Film sur le temps, l’hédonisme, la liberté et l’indépendance de l’artiste, Casanova Variations est un spectacle total et réussi.