Un Cessez-le-feu foisonnant et onirique, actuellement au cinéma
Cessez-le-feu surprend en mélangeant les niveaux de lecture tout au long d’un film aux airs de roman fleuve. Le héros George (Romain Duris) en est le personnage central et tous les protagonistes gravitent autour de lui. Le frère Marcel (Grégory Gadebois) blessé dans son âme lors du premier conflit mondial, l’infirmière (Céline Salette) séduite par le ténébreux aventurier, la mère taiseuse en retrait, le truculent acolyte Diofo au coeur du continent noir, tous attendent de sa part les réponses à des questions qui ne cessent de les tarauder. Entre France nostalgique et souvenirs d’Afrique, le film chemine avec délicatesse entre les vérités cachées et les atermoiements passifs pour un moment de cinéma tortueux et hypnotique.
Un rôle en or
Romain Duris porte véritablement le film sur ses épaules. Rares sont les scènes où il n’apparait pas, avec son personnage tentant de retrouver sa place dans une vie modifiée à jamais par les affres de la guerre. Cessez-le-feu offre un éclairage envoutant sur les suites d’un conflit qui a marqué une génération entière et tous ceux qui en sont revenus. Invalides, aventuriers et ébranlés ne cessent de se croiser, montrant l’empreinte de la guerre sur les années qui l’ont suivie. En décidant de couper les ponts pendant 4 ans, George pense pouvoir repartir à zéro mais il lui faudra revenir pour clôturer définitivement les comptes de ses souvenirs douloureux. Mémoire et aspirations ne cessent de s’affronter dans un récit mélangeant flash backs et rencontres pour révéler parcimonieusement les mystères d’un parcours tortueux. Les personnages secondaires interprétés par une belle galerie d’acteurs et actrices densifient un scénario déjà bien dense pour une impression de foisonnement assez jouissive.
Un premier film fascinant
Emmanuel Courcol passe à la réalisation après un certain nombre de scénarios marquants. Mademoiselle, Boomerang et Welcome font partie de ses faits d’armes principaux et ce premier film confirme son art du récit dispersé et lancinant. Le parcours de vie d’un personnage blessé par la guerre ne se fait pas sans hésitations et retournements. Un Romain Duris à l’épaisse toison et à la barbe galopante incarne une sorte de clochard céleste désireux de retrouver le chemin de son destin. Les regards fixes alternent avec une attitude de trompe-la-mort revenu de tout qui interroge sur la force nécessaire pour se relever d’épreuves terribles qui en laisseraient plus d’un sur le carreau. Le film suit son cours entre longues plages de calmes et coups de tonnerre pour une découverte d’un destin semblable à tant d’autres dans les années 20.
Cessez-le-feu détonne dans le paysage cinématographique hexagonal en proposant un film à tiroirs, non linéaire et presque onirique. Une vraie réussite à découvrir actuellement dans les salles de cinéma!
1923. Georges, héros de 14 fuyant son passé, mène depuis quatre ans une vie nomade et aventureuse en Afrique lorsqu’il décide de rentrer en France. Il y retrouve sa mère et son frère Marcel, invalide de guerre muré dans le silence. Peinant à retrouver une place dans cet Après-guerre où la vie a continué sans lui, il fait la rencontre d’Hélène, professeure de langue des signes avec qui il noue une relation tourmentée…
Sortie : le 19 avril 2017
Durée : 1h43
Réalisateur : Emmanuel Courcol
Avec : Romain Duris, Céline Sallette, Grégory Gadebois
Genre : Drame