Chocolat, le grand film de Roschdy Zem
Personnage oublié de l’Histoire, Chocolat est le nom d’artiste de Rafael Padilla, premier homme noir à se produire sur scène en France au début du siècle dernier. Librement inspiré de sa vie, le film réalisé par Roschdy Zem fait le récit de l’ascension fulgurante du clown Chocolat et de son précieux acolyte Footit avant une violente séparation.
Né dans une famille africaine réduite en esclavage jusqu’à Cuba, Chocolat est vendu à huit ans près de Bilbao d’où il s’échappe six ans plus tard. Il vivra de petits boulots avant de faire la rencontre qui changera sa vie : celle de George Footit, clown blanc connu et expérimenté. C’est lui qui va percevoir dans Chocolat tout son potentiel et lui proposer de créer un véritable duo. C’est la naissance du clown blanc tyrannique et et de l’auguste souffre-douleur qui tend les fesses et / ou les joues, pour faire rire l’assistance. Un couple quelque peu exotique et hors du commun qui séduit immédiatement un public curieux et nombreux.
Dans Chocolat, Roschdy Zem, que nous avons rencontré à Montpellier, raconte avant tout l’histoire de ce couple : « C’est une histoire d’amour. Un couple qui s’aime… C’est difficile de s’aimer. » Du coup de foudre au déchirement, Footit et Chocolat vont tout connaître et tout vivre. Ce qui ne rend que plus violente la descente aux enfers réservée à Chocolat.
A la manière d’une fable, le scénario de Cyril Gely irradie d’abord l’histoire d’une lumière enchanteresse et naïve avant que des premiers nuages ne viennent assombrir le ciel de l’horizon et finir par plonger Chocolat dans un abîme sans fond. Un peu comme le sourire d’un clown s’efface et épouse peu à peu des lignes inverses, la conscience de Chocolat s’éveille avec le succès et lui rend son quotidien impossible.
Un grand film pour de grands acteurs.
Esthétique et soignée, la mise en scène de Roschdy Zem installe une harmonie parfaite. Véritable voyage à la Belle époque, des belles façades de cirque, des décors aux costumes, tout est là pour nous faire rêver ! Le film offre même de véritables scènes de spectacle de cirque imaginées par James Thierrée (par ailleurs interprète de Footit), qui n’a pas à rougir de son grand-père Charlie Chaplin (si,si).
Spécialement écrit pour Omar Sy, qui interprète Chocolat, le film se révèle à la hauteur du charisme de l’acteur qui endosse son costume dans une illusion de facilité déconcertante. Avec son habituelle décontraction à l’écran, Omar Sy joue avec brio dans un rôle qu’il est à notre avis le seul à pouvoir interpréter en France, comme s’il était l’alter-ego de Chocolat à notre époque. Et tandis que la légende Omar Sy continue de s’écrire, le film offre une très belle révélation au grand public : James Thierrée. L’acteur est Footit, à la fois très technique et profondément touchant. Le duo fait des miracles durant toute une première partie alchimique qui n’épargne pas le spectateur de bouffées d’émotions joyeuses et dramatiques. Noyau du film, la magie qui émane du couple transforme cette belle histoire en chef d’œuvre.
Roschdy Zem confiait ce matin avoir voulu « faire un film accessible et populaire » en évitant de se perdre dans les nombreuses questions qu’il sous-tend malgré leur actualité (politiques ou sociales). Avec Chocolat, l’acteur-réalisateur ne signe pourtant pas seulement un film grand public, il signe surtout un grand film pour de grands acteurs.
EDIT : on peut encore citer le livre de Gérard Noirel qui a contribué à faire sortir Chocolat de l’ombre et a inspiré le film. Vous pouvez le retrouver aux éditions Bayard sous le titre Chocolat, clown nègre. L’histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française (V. les commentaires).
Du cirque au théâtre, de l’anonymat à la gloire, l’incroyable destin du clown Chocolat, premier artiste noir de la scène française. Le duo inédit qu’il forme avec Footit, va rencontrer un immense succès populaire dans le Paris de la Belle époque avant que la célébrité, l’argent facile, le jeu et les discriminations n’usent leur amitié et la carrière de Chocolat. Le film retrace l’histoire de cet artiste hors du commun.
Sortie : le 3 février 2016
Durée : 1h50
Réalisateur : Roschdy Zem
Avec : Omar Sy, James Thierrée, Clotilde Hesme, Olivier Gourmet, Frédéric Pierrot, Olivier Rabourdin, Noemie Lvovsky, Bruno et Denis Podalydès.
Genre : Comédie, drame, biopic
Il va nous falloir patienter encore pour voir ce chef-d’œuvre !
Yesss !
Vu hier soir en AVP, j’ai adoré.
O. SY est clairement époustouflant. Loin des blockbusters Hollywoodiens où il fait office de faire valoir, il irradie le film de sa présence. Que ce soit dans la comédie ou le drame, il arrive à communiquer au public ses émotions.
Quand à la photo ou au scénario, tout a été dit dans cette critique, c’était parfait!
Il a tout pour faire une belle carrière même à l’international 😉
Merci Daniel, c’est très sympa ce commentaire ! Toujours dans les starting-blocks pour les meilleurs films 😉
Belle soirée à vous
Merci pour cette belle découverte, à découvrir c’est certain !!
Belle soirée !
Merci à vous Jennifer pour votre commentaire !
Belle soirée !
L’article pourrait citer le livre de Gérard Noiriel d’où est tiré le film. Sans le travail de cet historien qui a mis en lumière le parcours héroïque de ce clown injustement tombé dans l’oubli, le film n’existerait pas et l’interprétation d’Omar Sy encore moins !
Tout à fait Der, j’aurais pu le citer et je suis ravi que vous l’ayez fait à ma place. J’ai préféré me concentrer sur le film en lui-même, qui oscille entre fiction et réalité et prend des libertés tout à fait assumées avec l’histoire vraie de Chocolat.
Un chef d’oeuvre ? On a vu le même film ?
Je suis sortie terriblement déçue de de l’avant-première !
Ce film de clown n’a rien de drôle et les fans d’Omar Sy en seront pour leurs frais. Certes, Omar joue très bien, mais pour un clown qui était au top de l’affiche pendant une bonne vingtaine d’années à la belle époque, l’une des plus vivantes de Paris, le film ne traite quasiment que de son addiction au jeu et à l’alcoolisme, de sa descente aux enfers et du racisme de l’époque. Encore un film engagé, tel Roshdy Zem, mais là pour le coup, le film est lent, voire même interminable, larmoyant, et manque cruellement de rythme et de rires. Il faudrait l’amputer d’au moins une demi-heure. Je gage que les intellos anti-racistes y trouveront un beau message, mais la majorité du public s’y ennuiera profondément.
Bonjour Béa,
Je suis ravi que vous n’ayez pas le même avis, ça me rassure un peu ! C’est sûr que le film n’est pas drôle en lui-même mais peut-on lui reprocher ? Il vaut mieux regarder le SAV si vous voulez rire en compagnie d’Omar Sy 😉
Je ne partage pas votre sentiment sur le personnage de Chocolat. Au contraire, je l’ai trouvé très équilibré. Avant d’être celui qu’il devient, c’est d’abord un battant ambitieux qui aime la vie, un jouisseur, un épicurien dans toute sa splendeur. Et le film le met très bien en lumière.
De plus, je n’ai sincèrement pas ressenti le film comme un film engagé. Bien sûr, on ressent le racisme ambiant mais cela fait partie du contexte et de l’histoire de Chocolat ! Et Roschdy Zem est le premier à le dire : ce n’est certainement pas un film engagé ! C’est un film d’amour !
Quant aux intellos, laissons-les tranquilles ! Ils n’ont pas le monopole de la pensée, aussi bienveillante soit elle ! Laissons enfin le public choisir s’il apprécie ou non le film 😉
Merci beaucoup pour ce dernier commentaire. Si vous voulez connaître la véritable histoire du clown chocolat vous pouvez aller sur le site http://clown-chocolat.com. Vous y trouverez d’ailleurs un certains nombre d’erreurs véhiculé par la presse à la rubrique « actualité ». N’hésitez pas à nous en signaler si vous en trouvez !. Il y a aussi une page facebook dédiée à cet artiste hors du commun.
Merci à vous Collectif Daja. On note ! Pour rappel, le film est inspiré de la vie de Chocolat mais n’est pas du tout une fidèle reconstitution.
Que de commentaires pour un film qui vient tout juste de sortir ! Comme quoi, son avenir est prometteur !
Très bon film en plein coeur de Paris à la Belle Epoque, superbe. Des costumes et tout une époque magnifiquement reconstituée. Des acteurs tous plus épatants les uns que les autres. Il est vrai que les situations de clowns, avec Footit et Chocolat, de ne m’ont nullement fait rire. Et c’est vraiment dommage. Ce n’est pas un film drôle, mais plutôt à l’image des clowns : drôles pour le public mais profondément tristes. Depuis la sortie de ce film, on parle beaucoup de la vie de Chocolat et la ville de Paris lui a même apposé une plaque commémorative ainsi qu’à Footit. Reste à lire le livre de Gérard Noiriel pour découvrir la vraie vie de Chocolat. Il mérite qu’on s’intéresse enfin, vraiment à lui…
Quel beau film !