Communardes ! – L’aristocrate fantôme : une BD de Lupano et Jean (Vents d’Ouest)
Avec sa nouvelle série, Wilfrid Lupano (Sept nains, Traquemage, Un océan d’amour, Les Vieux Fourneaux, L’Assassin qu’elle mérite…) propose un retour sur un événement historique : la Commune de Paris. Une insurrection qui dura deux longs mois pour finir dans l’horreur et le sang. Parmi les insurgés se trouvaient des femmes : Les Communardes !
Date de parution : le 30 septembre 2015
Auteurs : Wilfrid Lupano (scénario) et Anthony Jean (dessin)
Editeur : Vents d’Ouest
Prix : 14,50 € (56 pages)
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1871. Élisabeth Dmitrieff, une belle jeune femme russe de tout juste vingt ans arrivée à Paris depuis une semaine à peine, devient la présidente du premier mouvement officiellement féministe d’Europe : l’Union des femmes pour la défense de Paris et l’aide aux blessés. Véritable passionaria socialiste et va-t-en-guerre, elle est envoyée par Karl Marx lui-même ! Sa beauté et sa verve, qui la distinguent des autres insurgées, d’origines plus populaires, suscitent l’intérêt des « hommes » jusqu’ici peu sensibles aux revendications des communardes. Ainsi, paradoxalement, l’une des premières grandes figures du combat pour le droit des femmes en France était… une aristocrate russe.
Après le rude hiver 1870, assiégée par l’armée prussienne, Paris s’est insurgée contre le gouvernement de Thiers en réaction à la capitulation. Au coeur de l’évènement de la Commune de Paris, l’album Communardes ! – L’Aristrocrate Fantôme retrace le destin d’une légende du mouvement révolutionnaire féministe : Elisabeth Dmitrieff, magnifique russe de vingt ans envoyée à Paris par Karl Marx lui-même. Et huit jours après, elle prendra la présidence de la première organisation féministe d’Europe !
C’est donc une vraie Communarde que Lupano met en scène pour la première fois. Son destin hors norme est digne des meilleures légendes. Le scénario montre comment cette femme est montée en puissance avant de faire face à certaines réalités déplaisantes, qu’elles soient du fait de déconvenues politiques ou du fait des nombreuses femmes mortes au combat. Devant faire face à ses propres errements qu’elle paiera cash, la belle russe va parfois se mettre dans de très mauvaises postures… Mais en véritable héroïne, elle ne manquera pas de faire face à l’assaut final des versaillais dans le bain de sang qui signa la fin de la Commune.
[U]n constat en demi-teinte.
Si l’épisode ne se perdait pas en longueur dans les quelques mascarades politiques qui entourèrent l’ascension de la jeune femme, on aurait pu dire que l’Aristrocrate fantôme est un récit haletant et rythmé. Mais il est trop inégal et manque de piquant. On s’attendait à plus avec un tel sujet, surtout de la part du grand Lupano.
Côté dessin, on salue la patte d’Anthony Jean dont le trait vif et incisif apporte un vrai plus. Il donne corps à des personnages charismatiques grâce à des techniques résolument modernes qui donnent aux planches un aspect proche d’un dessin d’animation. On a néanmoins du mal à trouver le regard de nos belles Communardes, les yeux étant bien souvent (mais pas toujours) vides sinon absents.
Si les éléphants Rouges nous avaient emballés, il n’en est pas de même de l’Aristrocrate fantôme qui oblige à un constat en demi-teinte. C’est dommage.