De ce bidonville jaillit une humanité silencieuse (Editions Cédalion)
Marie Bestault est infirmière à la retraite quand elle répond à une petite annonce publiée par Médecins du Monde. En postulant, elle ne sait pas encore qu’elle va participer à une extraordinaire aventure humaine. Pendant un mois, elle vit auprès des migrants venus du monde entier pour apporter une aide que les pouvoirs publics peinent ou refusent de dispenser. Elle livre un témoignage éclairant sur les préjugés trop facilement dispensés par les médias au sujet de populations démunies, par pur réflexe sensationnaliste et dans le but de faire de l’audimat. Sans se douter de l’impact incalculable sur les populations des raccourcis qui déguisent une réalité avant tout faite de souffrance.
Une réalité toute nue
Enfants, célibataires ou familles venus d’Asie ou d’Afrique se sont installés pendant de longues années dans un bidonville géant situé à proximité de Calais. Les médias l’ont surnommé arbitrairement Jungle de Calais dans un grand et irrésistible élan de déshumanisation. Car ce sont bien des êtres humains qui sont évoqués dans l’ouvrage de Marie Bestault et non pas des animaux. Des containers pour les plus chanceux et des tentes pour les autres abritaient une foule grossissant à vue d’oeil, sans soutien logistique ou psychologique de la part du gouvernement. Les indispensables soutiens, ce sont les organisations humanitaires et tous ces bénévoles qui l’ont fourni pour ne pas abandonner leurs semblables à la misère la plus crasse dans un des pays les plus industrialisés du monde. Marie Bestault s’est mêlée à la foule des volontaires dans un mouvement humanitaire qui a apporté réconfort et espoir à ceux qui attendaient pendant des semaines voire des mois un hypothétique passage au Royaume-Uni.
Des vies cabossées, blessées, meurtries s’étalent au fil des pages dans des descriptions souvent à la limite du tolérable
Si Marie Bestault ne peut s’empêcher de commenter amèrement le comportement d’institutions incapables de trouver les situations adéquates à un challenge humain extraordinaire, elle se concentre surtout sur ces dizaines de destins singuliers. Des vies cabossées, blessées, meurtries s’étalent au fil des pages dans des descriptions souvent à la limite du tolérable. Elle a écouté son coeur pour ne pas laisser ceux que de trop nombreuses autres personnes stigmatisent par peur de l’inconnu. La lecture de cet ouvrage permet d’accéder à une réalité toute autre que ce que nous avons l’habitude de lire ou de voir. Pour un constat accablant: il ne faudrait pas grand chose pour loger ces populations déplacées dans des bâtiments vides et disponibles, avec une prise en charge minimale des tous les maux et bobos qui les caractérisent.
L’ouvrage se lit d’une traite et contribue à la prise de conscience de ce que beaucoup ne peuvent ou ne veulent voir. Le témoignage de Marie Bestault n’utilise pas de dialectique d’énarque et ses mots simples et chaleureux vont droit au coeur. Elle parle le langage de la vérité et pour cela, la lecture de son ouvrage devient plus que nécessaire.
Je suis dans la vie une «petite bonne femme de quatre sous», incognito, à la retraite après de longues années de travail en tant qu’infirmière hospitalière et libérale.
Les pages que vous allez lire sont un simple témoignage, rien d’autre.
Un partage d’un mois vécu dans la jungle de Calais, dans mon pays : La France.
Suite à une annonce de ‘Médecins Du Monde’ sur internet demandant une infirmière en
urgence, j’ai postulé et, malgré mes années, j’ai été choisie pour vivre une très belle
expérience humaine.
Malgré les différences de couleur de peau, de langues, des liens se tissent, des prises en
conscience germent, des regards naissent sur les différences, des idées éclosent, des actes se posent.
L’humanité silencieuse est là, façonnée par des hommes, des femmes, des enfants.
Que ce livre soit un révélateur de ce que chacun a fait, peut créer ou imaginer.
Date de parution : février 2017
Auteur : Marie Bestault
Editeur : Editions Cédalion
Prix : 6 € (108 pages)
Acheter sur : Disponible chez l’éditeur