Il est rare de lire une BD si plongée dans un réel qui évoque forcément des images et des sentiments à chacun. Demain est un autre jour raconte les joies, les peines et les doutes d’un couple de trentenaire dans la Corée du Sud d’aujourd’hui. San et Bada rencontrent des difficultés pour enfanter, ils n’en ont pas vraiment envie mais les réflexions et les regards de leurs mères respectives finissent de les forcer à agir. Entre FIV, espoirs et déceptions, en plus de leurs emplois respectifs et de leurs envies de profiter de la vie, ils se retrouvent presque aculés dans une recherche effrénée de parentalité. C’est tout un univers qui se dessiner sur un peu plus de 220 pages, l’auteur Keum Suk Gendry-Kim manie le crayon avec aisance pour un dessin des plus réalistes, elle ajoute aussi beaucoup de poésie pour ajouter des paysages qui concourent à une belle mélancolie générale. Les éditions Futuropolis éditent une BD aussi belle qu’introspective sur cette quête constante de convenir aux impératifs sociaux, travail, famille, enfants, par delà les volontés personnelles qui se retrouvent courbées sous le poids des injonctions familiales et sociales. Une BD à lire absolument en cette rentrée de septembre 2023.
Synopsis:
« San et moi nous nous étions demandé si nous devions garder pour nous seuls le fait que nous suivions une procédure de fécondation in vitro. Mais nous avons décidé de tenir les parents au courant. Nous ne voulions plus entendre de remarque à propos de la conception éventuelle d’un bébé et nous pensions que la famille avait le droit de savoir. »
À travers l’histoire de Bada et San, c’est le récit de vie de nombreux couples qui est raconté : les difficultés physiques et morales, le regard de la famille (et belle-famille), des amis qui, suivant le sexe, reportent leurs propres jugements sur l’un ou l’autre membre du couple, le manque d’empathie du monde médical, les espoirs et déceptions… Et même si la douleur est partagée, c’est bien un sentiment de solitude qui s’empare de la femme. Un drame personnel mais qui véhicule des comportements similaires d’un continent à l’autre.
En quelques années, Keum Suk Gendry-Kim s’est imposée comme l’une des dessinatrices les plus importantes en Corée. Ses ouvrages, Mauvaises Herbes et l’Attente, sont couronnés de nombreux prix internationaux. Par ses récits sensibles, elle expose la violence des humains, nous conte l’histoire de son pays, les gens qui y vivent et les séquelles du passé.
Editeur: Futuropolis
Auteur: Keum Suk Gendry-Kim
Nombre de pages / Prix: 224 pages / 26 euros