Sortie : 18 novembre 2014
Durée : 1h37
Avec : Juliane Köhler, Liv Ullmann, Sven Nordin
Synopsis :
1990, le mur de Berlin est tombé. Katrine a grandi en Allemagne de l’Est et vit en Norvège depuis 20 ans. Elle est le fruit d’une relation entre une Norvégienne et un soldat allemand pendant la Seconde Guerre mondiale. à sa naissance, elle a été placée dans un orphelinat réservé aux enfants aryens. Elle parvient à s’échapper de la RDA des années plus tard pour rejoindre sa mère. Mais, quand un avocat lui demande de témoigner dans un procès contre l’Etat norvégien au nom de ces « enfants de la honte », curieusement, elle refuse. Progressivement, de lourds secrets refont surface…
D’une Vie à L’Autre du réalisateur allemand Georg Maas est sorti au cinéma le 7 mai dernier, et est désormais disponible depuis le 18 novembre sur support dvd. Le long métrage s’intéresse au phénomène des Lebensborn, des pouponnières crées par les nazis pour engendrer la « race aryenne ». Se situant dans les années 90, l’histoire s’intéresse à ses enfants qui ont été abandonnés à leur mère, à travers le personnage de Katrine, interprétée par Juliane Köhler (La Chute, Eden à l’Ouest), qui a dû apprendre le norvégien (!) pour son rôle. Son personnage est présenté au début du film comme une des anciennes pensionnaires de ces orphelinats de la honte, comme cela a été dénommé par la suite. En s’appuyant sur un roman allemand, le réalisateur en profite pour livrer un véritable film d’espionnage au suspense tendu, jouant avec l’identité de l’héroïne qui s’avère être une espionne travaillant pour la Stasi et réfugiée chez une mère qu’elle a retrouvée en Norvège, avant de résider avec cette dernière aux côtés de son mari et sa fille. Le film joue alors sur le mensonge et la manipulation et ce qui a conduit Katrine à fuir l’Allemagne de l’Est pour la Norvège, l’occasion de superbes paysages filmés en plan large un peu comme dans le cinéma de Michael Cimino. Le film est entrecoupé par des flashbacks, dont certains ont été tournés en super8, ancien format pellicule destiné aux amateurs, à l’image très granuleuse bien adapté aux années 70. L’intrigue se concentre pour l’essentiel sur le personnage de Katrine et ses rapports avec sa famille et quelques personnages extérieurs, comme celui d’un jeune avocat (Ken Duken), qui va être à l’origine du soupçon que porte le mari (Sven Nordin) envers sa femme Katrine, lorsqu’il doit rechercher en Norvège les femmes dont les nazis avaient soustrait les nourrissons nés d’une relation avec des soldats allemand pendant l’occupation. Plus tard certains de ces enfants devenus adultes vont tenter de s’évader de l’autre côté du mur après avoir appris leur filiation, ce sera le cas de Katrine, avec son évasion au début des années 70 sur une barque de fortune, avant d’être récupérée par des pêcheurs. Puis après avoir retrouvé sa mère Ase, interprétée ici par la grande comédienne bergmanienne Liv Ullmann (Cris et Chuchotements, Sonate d’automne), Katerine fondera une famille avant que le doute s’y installe peu à peu. Liv Ullmann, qui n’avait alors pas tourné au cinéma depuis dix ans, est parfaite en mère désemparée par les révélations que va peu à peu livrer l’intrigue concernant Katrine. Le réalisateur s’intéresse à décrire la perception de la personnalité d’une personne rencontrée la première fois et qui perdure malgré la découverte de sa réelle personnalité.
Film d’espionnage prenant, D’une vie à l’autre, qui s’inscrit un peu dans la lignée de l’excellent La vie des autres (2006), est malgré un rythme parfois un peu lent, une oeuvre à la fois grave dans son fond et agréable à suivre dans sa forme. Le dvd est de plus agrémenté de très bon bonus avec l’interview du réalisateur et un documentaire sur l’histoire des pouponnières nazis avec des témoignages émouvants d’anciens de ces enfants abandonnés et confiés à des familles.