Entre contestation et résignation dans La Révolte au Théâtre de Poche Montparnasse

La Révolte
La Révolte, mise en scène de Charles Tordjman, Théâtre de Poche Montparnasse

Entre contestation et résignation dans La Révolte au Théâtre de Poche Montparnasse

Une femme aide son mari à finaliser les comptes de sa société. Devant la froideur de statue du businessman qui ne s’émeut de rien, elle tente de retrouver une liberté… illusoire. En montrant les mécanismes de la servitude, la pièce La Révolte fait voyager entre perspectives de liberté, rêverie féérique et poids d’une liberté inaltérable. Car comme le disait  Aldous Huxley rien n’est plus efficace qu’une servitude volontaire. Elisabeth s’en rend parfaitement compte lorsque Félix se montre apparemment impuissant à la retenir… mais en apparence seulement.

Une révolte en clair obscur

La pièce d’Auguste de Villiers de l’Isle Adam adaptée par Charles Tordjman au Théâtre de Poche Montparnasse ressemble longtemps à un mano a mano entre le mari moins inébranlable qu’il n’y parait et la jeune femme moins docile qu’il ne semblait. La petite main Elizabeth interprétée avec force par Julie-Marie Parmentier s’affaire à retranscrire scrupuleusement la comptabilité complexe de son mari Félix incarné par un Olivier Cruveiller monolithique. Quand l’épouse apparemment soumise s’ébroue pour fuir et retrouver sa liberté, son mari joue la surprise et l’accablement tandis que les menaces fusent. Mais la jeune femme a bien préparé son coup, calculant la part qui lui revient exactement sans avoir à affronter une quelconque controverse, son exactitude est son arme pour partir sans que rien ne puisse la retenir, si ce n’est cette fille adorée qu’elle s’apprête pourtant à quitter. La scène se passe en 1870, la Commune de Paris va s’installer à la suite de la défaite des troupes de Napoléon III contre l’envahisseur prussien. Le peuple va tenter de récupérer sa liberté dans une autogestion dénuée de pouvoir autocratique, pour un dénouement connu de tous, la révolte sera écrasée impitoyablement par les troupes versaillaises loyalistes, laissant un gout de cendres dans la bouche de la liberté. La Révolte suit un cheminement similaire aux évènements historiques, d’abord le dos courbé, puis la tête qui se relève, l’espoir qui ressuscite et finalement… le retour à un ordre nouveau pas si différent de l’ordre ancien.

Une mise en scène sommaire pour des comédiens au diapason des enjeux de la pièce

Ce n’est pas seulement une querelle de couple qui se déroule devant les yeux ébahis des spectateurs. Si quelques rires sonores légèrement bouffons entendus dans le public coupent quelque peu des enjeux de la pièce, le spectateur attentif saura resté concentré sur la lutte philosophique qui se joue. Ce n’est pas seulement l’homme contre la femme, l’épouse contre le mari, le dominant contre le dominé, c’est surtout le maitre contre le serviteur, lutte toujours actuelle dans un système capitaliste déshumanisant où la parole du peuple se trouve amoindrie par des procédés scélérats entretenus par des médias complices. On est loin du d’abord pertinent mais de plus en plus ridicule #Balancetonporc et plus proche de la lutte de cheminots qui tentent d’inverser l’emballement médiatique à leur désavantage. Car si la minorité opulente ne manque pas d’arguments péremptoires pour défendre leur statut, même dans la plus complète mauvaise foi, la situation se décante souvent d’elle-même, de guerre lasse. Elisabeth représente cette majorité opprimée mais finalement impuissante, tant philosophiquement que socialement. Car il est difficile de changer une mentalité, tant individuelle que collective. Le jeu des comédiens rend compte du changement qui s’opère dans l’esprit d’Elisabeth avec cette hérédité inexpugnable du statut social.

La Révolte fait surgir nombre de questions dans l’esprit des spectateurs les plus vigilants pour un moment de théâtre tout en intensité. La pièce est à découvrir au Théâtre de Poche Montparnasse, il reste encore pléthore de dates!

Dates :  A partir du 17 mars 2018, du mardi au samedi 21h, dimanche 15h
Lieu : Théâtre de Poche Montparnasse (Paris)
Metteur en scène : Charles Tordjman
Avec : Julie-Marie Parmentier, Olivier Cruveiller

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Jeu des acteurs
Texte
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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1 COMMENTAIRE

  1. Texte épouvantablement daté auquel le jeu des comédiens apporte encore plus de lourdeur. Ce n’est pas du féminisme, mais un bovarysme laborieux, avec des accents de sous-Bérénice. Un long moment d’1h10.

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