Le documentaire suit un jeune psychiatre mobile de l’hôpital Beaujon âgé de 34 ans. Seul pour prendre en charge les patients à Clichy (Hauts-de-Seine), il est le héros de ce documentaire qui souligne l’état plus qu’inquiétant de l’hôpital public. Le personnel est insuffisant et les professionnels présents sont à bout de souffle. Investissements et personnel insuffisants ne parviennent plus à colmater les brèches, la bonne volonté est patente mais que faire dans une situation où les plus fragiles ne sont plus pris en charge correctement? La question n’est pas prête de trouver une réponse adéquate…
Un documentaire alarmant
Le docteur Jamal Abdel-Kader est le seul psychiatre disponible pour tout l’établissement, des centaines de patients dépendent de lui pour trouver des réponses et des améliorations. Il parcourt les étages avec ses baskets au pied, il écoute et sonde l’état psychologique des patients. Des individus violents qui doivent être attachés, une jeune femme qui a perdu ses 2 jambes et un bras en sautant sous un train, des jeunes sans avenir, des profils fragiles qui ne parviennent plus à croire en des lendemains qui chantent. Le docteur essaye de comprendre leurs éventuelles pathologies et de leur apporter les corrects réponses et traitements. Mais ce n’est visiblement pas facile, il fait de son mieux mais la tâche est immense. Comme si l’hôpital s’était désengagé de son rôle essentiel pour maintenir la société à flot. A 34 ans, il prend du recul, écoute, réfléchit, il communique avec patience et doigté malgré la course contre la montre à laquelle il est soumis en permanence. Le documentaire est d’un réalisme total, la caméra suit le personnel pas à pas pour le constat d’une insuffisance criante de moyens. Dans une société qui promeut la performance et la réussite à tout prix, les laissés-pour-compte n’intéressent visiblement plus le personnel politique. Le docteur Jamal Abdel-Kader est (miraculeusement?) secondé par des internes, la course est quotidienne, il a à peine le temps de manger, il fait le seul lien psychiatrique entre les différents services, les urgences, la réanimation, la gastro-entérologie et la gynécologie obstétrique. Il a des convictions, fils de 2 médecins syriens émigrés en France, il a grandi au sein de l’hôpital public, où il vivait avec ses parents. Il faut le voir apaiser les souffrances de ses patients avec un vrai échange instauré avec des individus blessés par la vie.
Quand la nuit tombe, il partage avec la caméra ses difficultés pendant de rares moments de répit. Il évoque avec son collègue Romain les ravages grandissants de la crise du système hospitalier. Le réalisateur Nicolas Peduzzi (Ghost Song, Southern Belle) se fait discret dans ce documentaire au plus près du réel, de la marge et de l’impasse à laquelle se trouve confrontée l’hôpital public.
Synopsis: Hôpital Beaujon, Clichy. Au mépris des impératifs de rendement et du manque de moyens qui rongent l’hôpital public, Jamal Abdel Kader, seul psychiatre de l’établissement, s’efforce de rendre à ses patients l’humanité qu’on leur refuse. Mais comment bien soigner dans une institution malade ?