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Exposition JonOne « Evolution to Oils » – Galerie Rabouan Moussion, à Paris

JonOne_2014_ForestMist

JonOne, Forest Mist, 2014 Huile sur toile, 110 x 110 cm

Exposition du 22 mars au 24 mai 2014
GALERIE RABOUAN MOUSSION
121 rue Vieille du Temple – 75003 Paris

D’origine dominicaine, John Perello est né dans le quartier de Harlem, à New York en 1963. Il débute dans le monde du graffiti à 17 ans grâce à son ami d’enfance White Man, taguant son nom Jon suivi de 156 (sa rue) sur les murs et les trains de son quartier, puis ceux de tout New York. Selon lui, « Le métro, c’est un musée qui traverse la ville. »
Il crée le collectif de graffiteurs 156 All Starz en 1984, afin de réunir leur passion, peindre des trains la nuit et oublier leurs problèmes, notamment de drogues. Il fait alors la connaissance de Bando, résidant à New-York à cette période. Suite à une invitation de ce dernier, il économise de l’argent et vient à Paris en 1987. Il commencera à graffer avec lui, Boxer et le BBC Crew. Il débute son activité de peintre sur toile dans un atelier à l’Hôpital éphémère avec A-One, Sharp, Ash, JayOne et Skki, sans pour autant abandonner le graffiti. Très vite, il se fait un nom dans les milieux artistiques parisiens grâce à ses œuvres sur toile dans les expositions; il est exposé en 1990 à la Gallery Gleditsch 45 de Berlin et participe en 1991 à l’exposition Paris Graffiti, rue Chapon à Paris, puis en 2009 à La Fondation Cartier pour l’exposition «Nés dans la rue». Depuis, il ne cesse d’exposer à travers le monde : Tokyo, Monaco, Paris, Genève, New York, Hong Kong ou encore Bruxelles.

« Quand je suis arrivé à Paris en 1987, les gens étaient un peu déçus (rires) ; je venais de New York, ils me voyaient donc comme le représentant du graffiti new-yorkais. Même si c’est vrai, je suis avant tout JonOne et basta ! Ce que je faisais n’était pas représentatif de ce qu’ils pouvaient imaginer, j’étais plus free que technique, j’étais dans l’imaginaire. Comme je possédais la technique, je pouvais la laisser derrière moi et créer, mélanger des centaines d’informations, prendre des raccourcis graphiques tout en me laissant porter par la vague. Aujourd’hui, j’appartiens à la old school. Je travaille dans un certain confort, à l’aise avec des lettrages ou n’importe quoi d’autre. Je ne suis plus obligé de prouver quoi que ce soit : mon passé parle pour moi. D’un autre côté, je n’ai pas envie de passer mon temps à le revendiquer. » — JonOne, Interview réalisée pour Nova Mag oct. 2004 a l’occasion de l’exposition Night and Day à la Speerstra gallery.

« Je n’ai reçu aucune éducation artistique. Quand je taguais les trains à New York, je ne pouvais pas imaginer qu’un jour je m’exprimerais sur la toile. Ce qui m’a vraiment amené au tag a été de voir les autres peindre des graffitis dans toute la ville. L’école à laquelle j’allais était très stricte. Et tellement ennuyeuse! Je me souviens qu’à l’époque, ceux de la rue avaient la liberté. Je ne voulais pas de ce que l’Amérique me proposait : un travail, un joli costume et une jolie maison. J’ai rencontré A-One (Anthony Clark 1964-2001). Il avait l’habitude de traîner avec Jean-Michel Basquiat (Brooklyn, New York, 22 décembre 1960 – 12 août 1988). A-one était le lien entre la rue et le monde de l’art. Il voyageait en Europe et revenait avec beaucoup d’argent, simplement grâce à son art. J’écoutais ses récits de voyage et mes yeux brillaient d’envie. A cette époque à New York, j’étais comme beaucoup aujourd’hui : je traînais devant mon immeuble. En ces temps, moi non plus je ne sortais pas de mon quartier. Grâce à A-One, j’ai commencé à visiter des expositions, à nourrir ma vision de ce qui se passait dans ce monde. J’ai commencé à prendre mon travail au sérieux, à ne pas le considérer comme du vandalisme mais simplement comme de l’art. » — JonOne

JonOne est un artiste d’origine américaine qui vit à Paris depuis plus de vingt ans. Il est un des principaux représentants du street-art en France, et l’un de ses précurseurs. Très remarqué lors de l’exposition Né dans la rue à la Fondation Cartier (2009), JonOne est reconnu pour son travail à l’acrylique proche de l’abstract painting américain – ce qui le caractérise : sa signature JONONE en all over, sur toute la surface de la toile. En 2011 il avait déjà exploré le domaine de la sculpture lors de l’exposition The City Breathes à la galerie Rabouan Moussion. Il y présente aujourd’hui sa première exposition personnelle de peintures à l’huile, du 22 mars au 24 mai 2014.

VERS L’EFFACEMENT DU SIGNE
Lorsque nous arrivons dans l’atelier de JonOne nous l’interrompons en pleine séance de kick-boxing. C’est avec un accent américain appuyé, doublé d’une charmante désinvolture que cet homme d’allure jeune – qui ne fait absolument pas sa cinquantaine – nous accueille. Nous passons dans un autre lieu, dont les fenêtres ouvertes tentent d’atténuer une forte odeur de solvants. Il nous met en garde : « Attention par terre… ». Le polyane et les cartons qui protègent le sol sont en effet recouverts de gouttes de couleur, qui collent derrière nos pas lorsqu’elles ne sont pas sèches. Des souliers maculés de peinture y sont déposés, attendant d’être chaussés par l’artiste. Ce nouvel espace dont JonOne nous ouvre les portes est pour lui un lieu d’expérimentation dédié à la peinture à l’huile, et consacré à cette réflexion à laquelle la maturité le convoque.

C’est la toute première fois que JonOne exposera le resultat de ces nouvelles recherches sur la matière : « Pour moi l’huile n’est plus du street art, ça devient une partie des beaux-arts, quelque chose d’institutionnel, que je considère comme une étape de mon parcours de création. C’est un matériau fantastique, sa luminosité est très différente, et les couleurs sont beaucoup plus fortes et plus profondes. Mais cette technique demande à être apprivoisée, il m’a fallu plus d’un an pour préparer ces œuvres ».
L’inclusion de matière est remarquable dans ce nouveau travail. La toile est enrichie d’un volume constitué de sable et de colle, qui accidentent l’écriture, ajoutent des ombres, des irrégularités et creusent la toile en déviant les drippings. Sur certaines œuvres, on peut penser qu’il a fallu reconstruire un mur pour y déposer sa signature, créant ainsi un nouveau territoire graphique, un espace dont JonOne a lui-même défini le cadre. Le tag répétitif JONONE, sa signature, signe omniprésent qui habituellement constitue le squelette de l’œuvre devient ici un motif presque illisible, qui orchestre son propre effacement. « Je ne vois plus le tag, il va vers de la pure abstraction. Il a été mon ticket d’entrée vers la peinture à l’huile, et maintenant ma signature devient quelque chose de purement gestuel. »

Dans l’atelier, après un monochrome noir d’une grande force, on peut voir d’autres tableaux qui portent une matière très dense, et certaines œuvres plus graphiques, proches de la pancarte, du protest. Au fond de l’atelier se trouve une pièce maîtresse : le drapeau des États-Unis recouvert de tags outrageants – JONONE JONONE JONONE… – John The One, l’unique du nom, affiche son insubordination en apposant sa signature sur les hautement symboliques stars and stripes du drapeau américain. « Ce drapeau est ma transgression, au même titre que de taguer un mur. Lorsque j’ai peint ce tableau j’étais comme enragé, c’était une nuit de vraie folie, de frénésie. Aux États-Unis, je pourrais aller en prison pour ça, un américain serait extrêmement offensé par ce geste. Il ne représente pas une revanche, mais ma relation aux États-Unis : j’ai créé ma propre histoire avec ce pays, et elle n’est ni patriotique ni nationaliste. C’est qui je suis aujourd’hui vis-à-vis de cette terre, en sachant que plus jamais je n’y habiterai. Vivre à New-York et écrire mon nom partout comme j’ai pu le faire, je ne considérais pas cela comme de l’art, ou ce qu’on appelle aujourd’hui du street art, à l’époque c’était ma révolte. Ce drapeau s’inscrit dans cette révolte : je considère ce pays comme un système d’oppression qui se cache derrière le mot démocratie, au même titre que l’oppression en URSS se cachait derrière le terme de communisme. Au nom des idéologies on se permet des atrocités. Je ne pense pas que la situation ait beaucoup changé avec Obama, on a pu s’en apercevoir avec les affaires de surveillance révélées par Edward Snowden – je l’admire vraiment, à mon sens c’est un héros. »
JonOne s’inscrit dans une pratique mature sans pour autant oublier ses origines : il se considère aujourd’hui comme un peintre abstrait, qui utilise le langage plastique de la rue mais lorsqu’on l’interroge sur ses liens avec Keith Haring et Jean-Michel Basquiat, il leur préfère aujourd’hui une filiation avec Raymond Hains, Jacques Villéglé, Christopher Wool ou Ben. « Mon travail a toujours été en évolution, et aujourd’hui, je sens que je suis devenu un artiste complet »

La galerie Rabouan Moussion a été créée à Paris en 1988, en faisant le choix de son implantation dans le marais, guidée par la présence historique de lieux tels que l’hôtel de Solé et le Centre Georges Pompidou.
Jacqueline Rabouan et Caroline Moussion, dès 1988, s’engagent sur l’évolution du bloc soviétique. Après la première foire d’art contemporain de Moscou, elles décident de promouvoir les artistes russes en France – parmi eux Oleg Kulik, Dimitri Tsykalov, Vlad Mamyshev Monroe, Kirill Chelushkin, Ira Waldron, le groupe PG, Gosha Ostretsov, et Olga Kisseleva.
La galerie Rabouan Moussion est ouverte et engagée auprès d’autres scènes émergentes comme le street art avec JonOne, le collectif Jane_Doe 22, ou l’art contemporain indien avec Sunil Gawde et Justin Ponmany. Les choix artistiques sont le fruit d’un savant mélange entre une sensibilité aiguisée et une relation privilégiée avec les artistes.
Ainsi, dans sa collaboration avec Erwin Olaf ou les français Bernar Venet et Florence Cantié- Kramer, la galerie Rabouan Moussion sait étonner, sans jamais se limiter à un genre ou une zone géographique.

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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