Gimme Danger, little stranger
Ceux qui connaissent Iggy & les Stooges ont écouté leurs 3 albums en boucle et les connaissent par coeur. Ils connaissent aussi la légende, les outrances et les tempêtes A quoi bon un documentaire? Jim Jarmusch avait promis à Iggy de rendre hommage au groupe avec force interviews et images d’archives. Si l’hagiographie respecte la grande histoire, les turpitudes et la trace indélébile laissée par le groupe, elle est hélas bien sage. Un personnage aussi controversé Iggy Pop ne méritait-il pas un documentaire plus Rock’n’Roll? La question se pose.
Un groupe mythique
Comme le dit si bien Iggy Pop, les Stooges ont enterré les années 60. Préfigurant l’urgence du Punk de la fin des années 70, le groupe de Détroit a remis à l’honneur les morceaux de 3 minutes avec moins de 25 mots. La violence primait sur le virtuosité et les performances scéniques d’un Iggy déchainé tranchaient avec les autres membres du groupe plus posés. Les images d’archives parfois inédites mettent Iggy au centre de l’attention, le montrant se rouler sur le sol ou marcher sur la foule. Ceux qui ne connaissent pas le groupe et son histoire, de sa naissance jusqu’à sa réformation en 2003 en passant par la rupture dans les années 70 en auront plein les yeux. Seulement, les fans hardcore auront de quoi rester sur leur faim.
Un documentaire convenu
Si les zones d’ombre du groupe sont bien mentionnées, autant les addictions dévastatrices que les tensions au sein du groupe, la manière qu’ont les survivants de les raconter n’est pas vraiment fouillée. L’ajout d’analyses extérieures ou d’images un peu plus scandaleuses aurait donné une mesure plus juste à une époque que les moins de 20 ans ne connaitront jamais. Voir Iggy sur son siège mentionner tranquillement les excès des années 70 ne peut pas rendre justice aux errances qui ont sillonnées l’histoire du groupe. Qui sait qu’Iggy se mettait régulièrement à oilpé sur scène, entre autres outrances? Jim Jarmusch semble se brider pour ne pas trop en faire, comme si la rentrée du groupe au Hall of Fame l’avait définitivement rendu fréquentable. Beaucoup crieront au scandale, non parce que le film n’abonde pas en détails et images sur les Stooges, mais parce que l’ampleur du groupe dans l’histoire du Rock méritait un peu plus de folie.
Gimme Danger donne envie de réécouter les albums des Stooges. Le travail est net, propre, sans bavure. Manque un peu plus d’extravagance pour le rendre définitivement définitif.
Apparu pour la première fois à Ann Arbor, Michigan, au cours d’une révolution contre-culturelle, le style de rock’n’roll puissant et agressif des Stooges a fait l’effet d’une bombe dans le paysage musical de la fin des années 60. Soufflant le public avec un mélange de rock, de blues, de R&B et de free jazz, le groupe au sein duquel débute Iggy Pop posa les fondations de ce que l’on appellerait plus tard le punk et le rock alternatif. Gimme Danger, le nouveau film de Jim Jarmusch, retrace l’épopée des Stooges, l’un des plus grands groupes de rock de tous les temps.
Gimme Danger présente le contexte dans lequel les Stooges ont émergé musicalement, culturellement, politiquement, historiquement et retrace leurs aventures et mésaventures en montrant leurs inspirations et les raisons de leurs premiers défis commerciaux, jusqu’à leur arrivée au Panthéon du rock.
Sortie : le 1er février 2017
Durée : 1h48
Réalisateur : Jim Jarmusch
Avec : Iggy Pop, Scott Asheton, Ron Asheton, Dave Alexander
Genre : Documentaire