Hedi, un vent de liberté : un portrait poignant de la Tunisie et de sa jeunesse
Hedi, un vent de liberté est le premier long-métrage que réalise Mohamed Ben Attia. Présenté dans plusieurs festivals, il reçoit un très bon accueil et rafle même des prix. A la Berlinale d’abord où le jury lui décerne le prix du Meilleur Premier Film et l’Ours d’argent du Meilleur Acteur pour la prestation bouleversante de Majd Mastoura. Comme pour confirmer la qualité de l’œuvre, le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux (FIFIB) lui offre sa plus belle récompense, le Grand prix du jury. Si le monde du cinéma le salue, qu’en pensera le public ? Rendez-vous en salle le 28 décembre 2016.
Un scénario simple mais très bien pensé
Dans cette période post-printemps arabe, la Tunisie se cherche un chemin via la démocratie. La jeunesse aussi se cherche. Hedi, jeune homme réservé et docile, vit à Kairouan au côté de sa mère. Commercial Peugeot sans enthousiasme et sans aptitude, il fuit la réalité de sa vie en dessinant. Une vie entièrement régentée par sa mère et par les conventions et dont un mariage arrangé constitue la prochaine grande étape. Mais lorsque son patron l’envoie à Madhia, Hedi fait la rencontre de Rim et cette femme libre le séduit et le transforme mais jusqu’où…
Mohamed Ben Attia porte un regard bienveillant néanmoins lucide sur l’état de son pays, de sa jeunesse, de son futur. De tous les pays touchés par le printemps arabe, la Tunisie est le seul à avoir accédé à une démocratie même imparfaite. Mais la transition est difficile, l’économie rame, le chômage oppresse les nouvelles générations de travailleurs… l’émancipation n’est pas évidente. Le réalisateur met habilement en lumière les hésitations du pays en les identifiant à celles d’Hedi. Hedi n’est pas un héros au contraire, il s’est courbé sous le poids des traditions et suit le chemin que sa mère et la société lui désignent. Il a choisi la résignation plutôt que l’émancipation mais brûle en lui un désir d’autre chose. Et lorsque Rim entre dans sa vie, il tente de faire de ses rêves une réalité. Si ce n’est pas une métaphore de la Tunisie…
Majd Mastoura sublime de sincérité et de fragilité
Joué par Majd Mastoura, Hedi est un personnage d’une sincérité poignante. Habité d’une mélancolie profonde taillée dans sa renonciation à une autre vie que celle qu’on a choisie pour lui, il vit à demi comme pour atténuer les déceptions et les obligations qui jalonnent son existence. Sensible et taiseux, ses traits tristes et pensifs nous dévoilent tout ce qu’il n’avouera jamais. Car son visage, sa démarche, ses intonations nous disent tout de lui grâce à l’excellent travail d’interprétation de Majd Mastoura. Rym Ben Messaoud qui joue sa compagne de plaisir et de liberté, incarne également son personnage avec authenticité, énergie et fragilité.
Hedi, un vent de liberté est un film doux et lent mais pas léger. Profond au contraire, il nous dresse un portrait de la Tunisie et de l’état de sa jeunesse. Un beau film.
Kairouan en Tunisie, peu après le printemps arabe.
Hedi est un jeune homme sage et réservé. Passionné de dessin, il travaille sans enthousiasme comme commercial.
Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place. Alors que sa mère prépare activement son mariage, son patron l’envoie à Mahdia à la recherche de nouveaux clients.
Hedi y rencontre Rim, animatrice dans un hôtel local, femme indépendante dont la liberté le séduit.
Pour la première fois, il est tenté de prendre sa vie en main.
Sortie : le 28 décembre 2016
Durée : 1h33
Réalisateur : Mohamed Ben Attia
Avec : Majd Mastoura, Rym Ben Messaoud, Sabab Bouzouita
Genre : Drame, Romance