Hôpitaux en détresse, patients en danger, une bombe qui tue (Flammarion)
Cris d’alarme et de détresse
Ce sont les Professeurs Halimi et Marescaux qui ont décidé de dévoiler au monde entier les horreurs qui se passent dans nos hôpitaux en France. Le suicide du Professeur Mégnien, à 54 ans, en décembre 2015, à Paris, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il y eut aussi le suicide de Laurent Selek, à 36 ans, neurochirurgien pédiatrique brillant, à Grenoble.
Ce livre de près de 300 pages recueille de nombreux témoignages de personnes qui ont personnellement subi une forme de harcèlement à l’hôpital, sur leur lieu de travail.
Un véritable massacre
Il s’agit souvent de personnes très hautement qualifiées :
Le Professeur Halimi, 56 ans, chef du service radiologie, Président de l’Association JL Mégnien qui recense déjà plus de 400 dossiers de harcèlement.
Le Professeur Marescaux, 61 ans, ancien PU-PH neurologue. Il dénonce des aberrations au sein de son hôpital, concernant la prise en charge des patients. On le poussera à la porte, et il perdra tout ou presque tout.
Le Docteur Thibault Liot, médecin urgentiste, chef de pôle urgence du Samu-Smur de Seine et Marne. Lui aussi dénonce des dysfonctionnement graves au sein de son hôpital. Il se raconte et décide de se battre pour que la vérité explose. Mais lui, il a quitté l’hôpital, pour sauver sa vie.
Un cri de détresse d’un directeur adjoint qui a vu sa vie bouleversée suite à l’arrivée d’un nouveau directeur à son hôpital. Il a été tout simplement licencié.
Le Docteur Florence Rollé, cardiologue-réanimatrice, à Limoges. Elle a été harcelée, mise au placard suite au décès accidentel de son chef avec qui elle formait une excellente équipe depuis 25 ans.
Au nom de la rentabilité de l’hôpital
Dans ce livre, d’autres témoignages tous plus bouleversants les uns que les autres. Certains restent anonymes. Soit leur histoire est en cours, soit leur situation reste trop fragile pour pouvoir être ouvertement évoquée. A travers ces témoignages il en ressort encore beaucoup de souffrance psychique. On ne peut qu’être choqué de découvrir tout ce massacre alors que ce sont des personnes hautement indispensables à la France et ayant soigné des centaines de milliers de personnes. Une véritable honte et une très grande perte pour nous tous. Car forcément la retombée sur les patients est inévitable.
Pour bien comprendre ces mécanismes de harcèlement, le Professeur Granger, psychiatre à Paris, et professeur de psychiatrie à l’université Paris Descartes, nous dresse un portrait de l’harceleur et de celui de sa victime. Un jeu de pouvoir où l’un écrase volontairement l’autre, ayant tout pouvoir au sein de l’hôpital.
Il faut que cela cesse
Tout ce qui est révélé dans ce livre peut paraître inconcevable et pourtant, c’est du vécu. Bravo au Professeur Halimi et au Professeur Marescaux d’avoir eu le courage de crier haut et fort toutes ces atrocités qui se passent en France, dans nos hôpitaux. Bravo aussi à tous les passeurs d’alertes qui ont eu le courage d’apporter leur pierre à cet édifice au risque de leur vie. Il est temps de crier au scandale et de mettre un terme à ces pratiques complètement inhumaines et scandaleuses. Voilà un livre à faire diffuser très largement, le plus largement possible.
Pour compléter ce livre, Publik’Art vous invite à regarder cette vidéo : CHU de Grenoble : la fin de l’omerta.
Plus de deux ans après le suicide du professeur Jean-Louis Mégnien à l’hôpital Georges-Pompidou, c’est un vibrant SOS que lancent les professeurs Philippe Halimi et Christian Marescaux, ardents défenseurs du service public hospitalier : « Nous ne sommes pas des incendiaires mais nous voulons alerter et dénoncer un mal insidieux qui divise les équipes et laisse à terre des gens qui perdent le goût de travailler, parfois même le goût de vivre… »
À travers de nombreux témoignages, souvent bouleversants, ce livre démontre les effets dévastateurs, pour les personnels comme pour les patients, d’un système qui contraint aujourd’hui les équipes hospitalières à soigner vite par souci de rentabilité et d’économies. Une logique financière qui pousse de nombreuses directions d’établissement à diminuer les effectifs et les moyens, puis à écarter violemment ceux qui s’opposent à ces stratégies mortifères ou décident d’en dénoncer les dérapages.
Abus de pouvoir, menaces de représailles, mises au placard, harcèlement moral, impunité pour les maltraitants, tous les moyens sont bons pour que l’ordre règne…
« L’heure est venue d’une véritable prise de conscience pour que cesse la destruction de l’hôpital public. »
Date de parution : le 4 avril 2018
Auteur : Philippe Halimi, Christian Marescaux
Editeur : Flammarion
Prix : 19,90 € (292 pages)
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