Le 5 septembre dernier, je recevais les 2 EP The Restless Pursuit / To deliver a feeling de l’artiste argentin Be My Wife, alias Federico Nessi. Happé par la qualité des 8 morceaux entendus, fasciné par cet univers en ébullition, je me mettais en quête d’un surplus d’information. Rendez-vous fut pris pour un échange téléphonique convivial et exhaustif avec ce véritable citoyen du monde. Buenos Aires, Portland, Miami, Paris, son parcours de vie mêle recherche artistique et découverte de lui-même. Autant dire que l’entretien m’a permis de découvrir un personnage déterminé à accomplir son destin, avec passion, en musique, mais pas que.
Un univers artistique total décodé très tôt
L’entretien a duré une heure, de quoi en savoir beaucoup plus sur le personnage. L’accent fut d’abord mis sur le background beaux arts qu’a d’abord suivi Federico en Argentine. D’abord désireux de réaliser des vidéos via des installations et des performances, il s’est initialement dirigé vers des happenings dans le cadre de soirées. Avant de devenir aujourd’hui plus centrale, la musique a d’abord été plus secondaire. Federico se souvient avoir été tendance gothique à 16 ans lorsqu’il vivait à Buenos Aires. S’il a commencé à apprécier très tôt Depeche Mode, New Order, les Pixies, les Breeders et Nine Inch Nails, il a déménagé aux states à Miami pour ses 18 ans. Puis direction Portland au début des années 2000, Federico s’est intégré au mouvement punk underground local, participant notamment à des soirées mémorables en compagnie de Beth Ditto de Gossip (!!!), Glass Candy, Chromatics dans une époque très indy et electroclash (également connu sous les termes retro électro, tech pop, nouveau disco, la new new wave avec ambiguïté synthcore et electropunk). Après Portland, Federico est de retour à Miami en 2007, ville décrite comme paradoxale, super riche et superficielle d’un côté, mais avec également une scène culturelle foisonnante d’un autre. 2008, 2009 et 2010 sont des années riches pour Federico, il participe à l’Art Basel (manifestation d’art contemporain se tenant annuellement dans des nombreuses localisations) à Miami. Lors de ce séjour, il participe au mouvement collectif Psychic Youth Inc, véritable performance sur les transformations. Inspirée par la mythologie de la création et les voyages spatiaux, il met en scène la transmutation d’un état d’existence à un autre. C’est à cette époque qu’il découvre Throbbing Gristle, groupe britannique de musique expérimentale et bruitiste, originaire de Londres. Et c’est un énorme coup de cœur. Ce groupe est considéré comme le 1er groupe de musique industrielle, inspiré par l’art et désireux de tout partager avec le public, démarche similaire à un autre groupe connu pour ses performances totales, les Talking Heads. Ces formations symbolisent la contre culture et le mélange entre musique et art liés pour élargir le spectre. Après plusieurs années passées à Miami, l’évidence du manque d’argent en étant artiste performer le pousse à se diriger vers Paris.
A Paris, une nouvelle aventure et une révélation
Le déménagement à Paris apporte une stabilité salutaire avec une position dans la mode qui lui permet de repenser à ses aspirations artistiques personnelles. Il y a 3 ans, Federico a envie de participer à une pièce de théâtre musicale à la bourse du commerce, avec surtout l’envie de chanter. L’artiste à la base de la pièce est américain et se nomme Will Benedict et la pièce s’intitule Pandemonium, comédie musicale sur la faim insatiable qui, du bœuf en gelé Paul Bocuse au mukbang sous respirateur artificiel de Nikocado Avocado, absorbe le monde. Ce rôle est pour lui une révélation, il se décide à acheter un synthétiseur, et c’est parti pour une aventure musicale qui est toujours en cours aujourd’hui. Federico est tellement motivé qu’il écrit toutes les chansons en un mois, en 2024. Suivent les démos, la production, le mixing et le mastering entre mai et juillet 2024. Mais comme Federico souhaite créer une démarche artistique totale, il commence à réfléchir dès aout 2024 à l’image et à l’expérience autour des chansons. De fait, il transforme chaque morceau en single, chaque chanson a son clip et son vidéomix, avec à chaque fois une vision artistique et une inspiration différente selon le réalisateur du clip. Federico s’est souvenu de ses expériences à Portland et à Miami, à l’époque où il réalisait des vidéos et participait à des happenings. Les clips sont aujourd’hui visibles, notamment sur Youtube, les chansons et les clips forment des univers sonores et visuels addictifs. Et comme Federico ne souhaite pas s’arrêter en si bon chemin, il envisage pour 2026 de se produire dans un lieu atypique pour des performances live encore en réflexion avec 5 artistes féminines, avant qu’un vinyl ne paraisse avec ses 2 EPs. Il insiste sur l’importance cathartique des morceaux et sur la nécessite de se détacher de soi même pour partager l’expérience live avec le public.
Be my wife, pas un nom choisi au hasard
Les fans de David Bowie l’ont très bien compris, Be my wife fait référence à la célèbre chanson de Bowie sur l’album Low sorti en 1977. Comme le morceau parle de la distance, sans maison, sans attache, Federico en fait une référence évidente, allant même jusqu’à se tatouer sur la poitrine l’image de Bowie de profil de la jaquette de l’album. Notre échange évoque également les références musicales et artistiques auprès desquelles Federico s’est abreuvé. Les clips de Joy Division avec le charisme magnétique d’Ian Curtis, les personnages hauts en couleur de Trent Reznor et Dave Gahan, et l’importance de conserver du recul sur sa démarche, non sans humour et mise en abime. Le concept artistique de Be my wife, c’est tout cela, avec en arrière plan toute l’expérience des Beaux Arts que Federico a suivi au départ. Un nouveau clip est actuellement en préparation, celui de Only You. Federico est très excité par cette perspective, finir le cycle des clips et passer à une nouvelle étape de création, avec le live. Comme il suit une voie professionnelle à succès, son aventure musicale et artistique est dépourvue de pression inutile, il fait ce qu’il aime, avec énormément de satisfaction et d’implication passionnée.
La musique de Be my Wife, bruitiste, synthétique, est remplie de références avec des éléments contemporains, une sensibilité très pop à la Bowie. L’échange a permis de mettre des noms sur la table comme Wire, Love & Rockets (so alive), Boy harsher, tangerine dream, Miss Kittin, Scratch Massive, de quoi aider à mieux cerner les intentions artistiques de Federico Nessi, vivement la suite.

![[Livre jeunesse] Les Merveilles de Léonie (Éditions Gautier‑Languereau)](https://publikart.net/wp-content/uploads/2025/11/9782017331223-001-x-100x70.webp)
![[Manga] Berserk édition Prestige ‑ Tome 03 (Éditions Glénat)](https://publikart.net/wp-content/uploads/2025/11/berserk_prestige_-_tome_03_-_glenat-100x70.webp)