Kokomo City est un documentaire sur le monde habituellement secret des travailleuses du sexe femmes trans noires. Le documentaire débute avec le récit face caméra d’une anecdote mi-drôle mi-tragique. Une travailleuse du sexe trans noire lève le voile, sourire en coin, sur une mésaventure avec un client et son arme à feu, le combat qui s’en est suivi. Le ton est donné, la musique est enjouée et la réalisatrice D. Smith n’y va pas par 4 chemins. Les témoignages sont véridiques et rien n’est vraiment caché. Kokomo City a été récompensé du Prix du public à la Berlinale dans la section Panorama Documentaire et du prix NEXT Audience à Sundance en 2023.
Un documentaire esthétique
Les images tournées en noir et blanc donnent au documentaire une esthétique très glamour mais aussi très crue. Loin de donner une mauvaise image des protagonistes face caméra, le film donne surtout la parole à ceux et celles qui ne l’ont que rarement, dans des accès de sincérité surprenants. La réalisatrice vise à montrer avant tout la réalité toute nue, sans fard et sans œillères. Une relation de confiance existe entre la réalisatrice et les personnes interviewées, permettant de dévoiler des détails très souvent cachés. Les visages ne sont pas floutés, tout le monde s’exprime avec naturel et même décontraction, révélant les raisons de leurs choix de carrière, de leur transition, les interventions chirurgicales et la multitude de leurs clients de tous horizons, pères de famille ou rappeurs. Le film ne parle pas que du travail du sexe mais aussi de la vie quotidienne, avec l’hésitation de parler de leur profession aux proches comme de leur transidentité. Le documentaire évoque le malaise ressenti par beaucoup d’hommes à assumer leur intérêt pour elles, comme si cela remettait en cause leur masculinité, leur virilité ou leur orientation sexuelle. Surtout que le drame n’est jamais loin comme le montre l’exemple de Koko Da Doll, tuée en avril dernier.
Le documentaire est surprenant, prenant aussi, avec toutes ces vérités lâchées face caméra.
Synopsis: Kokomo Coty offre un regard cru, nerveux mais rare sur la vie de femmes noires transgenres. D. Smith, cinéaste transgenre noire, filme sans misérabilisme l’intimité de quatre jeunes femmes noires, transgenres et travailleuses du sexes. Elles se livrent sans tabou, avec humour et lucidité sur le sexe, les rapports femmes/homme, le racisme, la communauté noire et la transidentité. Un documentaire coup de poing, surprenant et éclairant.