L’humour à mort, le film documentaire sur Charlie Hebdo

Après C’est dur d’être aimé par des cons, Daniel Leconte réalise L’humour à mort avec son fils Emmanuel : un film documentaire sur Charlie Hebdo juste après les attentats du 7 janvier 2015. Une façon pour eux de « redonner vie à nos amis assassinés, de leur redonner la parole » le temps d’un film. Comme si ces derniers répondaient à leurs assassins par un pied de nez qui dit « on est toujours vivants« . Un documentaire réalisé à chaud, dans l’émotion du traumatisme des attentats. Un film hommage à ces êtres épris de liberté.

Dans l’humour à mort, on voit se succéder des entretiens avec l’équipe de Charlie à différentes époques, avant et après le drame. Comme on pouvait s’en douter, certains d’entre eux comme celui de Coco, première à avoir été en contact frontal avec les terroristes, sont bouleversants. Tous racontent ce qui s’est passé avec un calme impressionnant, comme le témoignage de Riss, blessé pendant l’assaut. Chacun exprime ce que ses yeux ont vu, derrière un bureau ou même lors de face à face avec les assassins. Un film qui nous fait revivre l’effroi de cet instant et nous ramène inévitablement aux dernières atrocités commises.

Les réalisateurs voulaient un film dans l’émotion plus que dans l’explication (pour ce dernier point, il faut voir C’est dur d’être aimé par des cons sur le procès mené à l’encontre de Philippe Val – à la tête du journal Charlie Hebdo pendant 17 ans – pour la publication de douze caricatures danoises.). Un film qui saisit l’effroi dans le vif pour ne pas oublier. Car, l’horreur dans ce que nous vivons, c’est qu’une atrocité chasse l’autre dans une escalade qui ne semble plus connaître de limite. Tâchons donc de ne jamais oublier.

Ce choix des réalisateurs de ne pas apporter d’explication et de laisser libre cours aux entretiens et aux rushs d’archive aboutit forcément à une frustration. Une piqure de rappel aurait été bienvenue dans l’humour à mort. On ne comprend pas bien en quoi faire l’économie de commentaires pour aller plus loin peut améliorer le film. C’est dommage.

Emouvant, l’humour à mort demeure un bel hommage à des êtres devenus éternels. Et ça tombe bien, c’était la seule ambition du film.

Le 7 janvier 2015, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo est victime d’une attaque terroriste qui coûte la vie à douze personnes dont les plus grands dessinateurs de presse français, Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré. Le lendemain, une policière est tuée dans la rue. Le 9 janvier, une nouvelle attaque vise des juifs de France. Quatre otages sont assassinés. Ce film est un hommage à toutes ces victimes.