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La joute oratoire de koltès porté par un duo brûlant

La joute oratoire de koltès porté par un duo brûlant
Dans la solitude des champs de coute oratoire de Bernard-Marie Koltès – © Jean-Louis Fernandez

La joute oratoire de koltès porté par un duo brûlant

La pièce a été jouée à l’origine Laurent Malet et Isaac de Bankolé puis par Laurent Malet et Patrice Chéreau. Plus récemment Roland Auzet l’a montée avec deux comédiennes, Anne Alvaro et Audrey Bonnet, aujourd’hui la joute oratoire confronte Charles Berling et Mata Gabin.

Dans cette pièce de Koltès, deux personnages s’opposent autour d’un accord indicible, le désir. Le duo interprète avec force ce texte puissant aux accents métaphoriques. La mise en scène de Charles Berling s’imprègne de la poésie âpre du poète et métaphysique où les mots fusent et résonnent au combat des deux protagonistes.

L’un est le vendeur (Mata Gabin) d’une marchandise mystérieuse qu’il refuse de dévoiler, l’autre l’acheteur (Charles Berling) est en prise avec un désir secret qu’il refuse de nommer. La transaction commerciale est la métaphore du conflit entre les personnages et traite du rapport entre le dominant et le dominé. Dans cette conjonction, les deux comédiens tour à tour se cherchent, se séduisent, s’esquivent et s’opposent.

Une danse de mort

La mise en scène marque très justement l’opacité du rapport de force qui se joue. Elle souligne cette lutte animale qui existe entre eux mais aussi ce besoin de langage et donc de civilisation. Les joutes verbales sont introduites au rythme d’un dialogue brûlant, hostile, qui se charge de complexité, d’emportement, de légèreté voire d’humour.

Le duel verbal dans une langue imagée se nourrit d’une stratégie de séduction et d’intimidation. Les répliques sont, en apparence, explicites et crues, mais en fait elles sont sujettes pour le spectateur à une interprétation. Elles suggèrent toute une représentation de l’interdit, du secret, où de la mauvaise foi, les ruses et les dénis sont présents, sans être immédiatement perceptibles.

On est saisi par la danse de mort entre les deux partenaires-adversaires du dialogue. Au-delà du texte même très métaphysique et rythmique, ce sont par leur mouvements, leur rapprochements et leur distance que se décodent les pulsions, les manipulations, les mensonges et les rapports de force des deux personnages. L’une prétend « je suis capable de vous éblouir de mes non ! » l’autre rétorque « toutes les sortes de oui, je les sais ! ».

De ce contact mortifère entre le dealer (Mata Gabin) et le client (Charles Berling), dans un mouvement de corps à corps intense, le public perçoit la tension dramatique qui se joue : du désir à l’hostilité, de la fragilité à la violence, et qui tend à l’extrême précarité des relations humaines entre les êtres.

Dates : du 11 au 26 juin 2021 – Lieu : Théâtre 14 (Paris)

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Mise en scène
Jeu des acteurs
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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