Le prochain film de Lucas Belvaux, Des hommes, est repoussé en 2021 à cause du confinement actuel, c’est le moment idéal pour mieux connaitre le réalisateur belge. Les éditions Playlist Society proposent un entretien passionnant entre Lucas Belvaux et Quentin Mével, connu comme délégué général de l’Acrif (Association Cinémas de Recherche d’Ile de France) et auteur de livres d’entretiens avec notamment Noémie Lvovsky et Cédric Kahn. Après des ouvrages dans la même collection Face B consacrés à Valérie Donzelli, Henri-François Imbert et Frédérick Wiseman, c’est une belle occasion d’en savoir plus sur les aspirations d’un réalisateur aussi exigeant qu’engagé.
Une plongée passionnante dans un univers personnel de cinéma
Comme à chaque fois dans cette collection des éditions Playlist Society, une introduction sous forme d’analyse permet de revenir sur l’oeuvre du réalisateur pour orienter le lecteur à l’aide de références claires et précises. Les grands thèmes abordés dans son cinéma, les procédés formels utilisés, la lecture est courte et didactique, en moins de 30 pages. Fort de ce rappel introductif clair et précis réalisé par le journaliste et critique de cinéma Louis Séguin, un dialogue à cœurs ouverts peut s’établir entre Lucas Belvaux et Quentin Mével. Depuis son premier film Parfois trop d’amour en 1993, ce sont 8 films (bientôt 9) que Lucas Belvaux a réalisés au cinéma pour creuser ses obsessions, notamment sur la responsabilité individuelle face à la responsabilité collective. Chacun de ses films est décrypté dans des échanges aussi pointus que passionnants pour apporter des précisions sur les intentions de leur auteur. L’extrême sensibilité de Belvaux saute aux yeux dans chacun de ses films, lui nourri aux films des grands maitres Fritz Lang, Alfred Hitchcock et Billy Wider pour exalter son intérêt pour la dramaturgie et l’exploration intime de l’individu. Des anecdotes de tournage ou de montage permettent de s’immiscer dans cet univers de cinéma si personnel et toujours très direct, la réalité de l’individu est toujours vue crument, sans artifices, pour dévoiler des facettes humaines aussi fascinantes qu’intrigantes.
Ce petit ouvrage (moins de 130 pages!) permet d’en savoir beaucoup sur un réalisateur passé par la case acteur avant de devenir un auteur clé du cinéma français. On se souvient de sa trilogie Un couple épatant, Cavale et Après la vie, avec ses actions entrecoupées et ces mêmes événements racontés sur des modes différents ainsi que du drame 38 témoins, de quoi se plonger dans une lecture qui donne envie de revoir chacun de ses films.
Synopsis: Avec ses longs-métrages – La Raison du plus faible, 38 Témoins, Chez nous… – Lucas Belvaux s’inscrit dans une tradition cinématographique réaliste et sociale. Le cinéaste belge interroge nos démocraties modernes sous plusieurs angles : la responsabilité individuelle, la place de la justice, la montée de l’extrême droite, ou encore la fin du monde industriel et son corollaire, le chômage de masse. Derrière un propos d’une grande cohérence, chaque film explore un genre différent. On passe ainsi de la comédie à la romance, du polar à la chronique judiciaire, de la tragédie au réalisme politique. Au plus près des difficultés rencontrées par ses personnages, ses œuvres possèdent une approche documentaire. Le nord de la France et la Belgique constituent ces principaux décors et plongent ses histoires dans une réalité post industrielle, populaire et poétique. Composé d’un essai introductif et d’un entretien, La Mécanique Lucas Belvaux explore une filmographie à l’image de la complexité de nos sociétés contemporaines.
Editeur: Playlist Society
Auteurs: Quentin Mével / Louis Séguin
Nombre de pages / Prix: 144 pages / 8 euros