La maison de Bernarda Alda : une pièce de résistance
La Maison de Bernarda Alba est un drame en trois actes de Federico García Lorca écrit en 1936 et publié à titre posthume en 1945, neuf ans après l’exécution du poète espagnol à l’âge de 38 ans par le régime franquiste. La mort, l’enfermement, la frustration, la répression du désir, si présents dans La Maison de Bernarda Alba, sont des thèmes qui jalonnent toute l’œuvre de l’auteur. Elle s’inscrit dans une Espagne bafouée par l’injustice, les préjugés ou la morale religieuse au seuil de la guerre civile.
Dates : Du 2 octobre 2015 au 6 janvier 2016
Lieu : Comédie-Française
Metteur en scène : Lilo Baur
A la mort du père, sa veuve, une marâtre autoritaire et fanatique, impose à ses cinq filles célibataires, âgées de 20 à 39 ans, un deuil de huit années.
Une tyrannie mortifère qui va fomenter au sein du clan un sentiment de rébellion portant en germe des jalousies et des pulsions irrépressibles. La cadette, Adela, habitée par une soif de vivre ne va pas hésiter à braver l’interdit en se jetant corps et âmes dans les bras du fiancé de l’une de ses sœurs, défiant l’autorité maternelle jusqu’au péril de sa vie.
Pièce de résistance donc, où à partir d’un huis-clos exclusivement féminin se condense toute l’oppression d’une époque phagocytée par des traditions et des croyances archaïques, que la maisonnée/prison symbolise comme une métaphore vivante, inscrite dans les esprits et dans les corps aux prises avec le besoin vital, instinctif, d’en découdre.
La scénographie d’Andrew D. Edwards et son imposante paroi (façade forteresse) ajourée comme une dentelle, offre des instantanés très cinématographiques avec le passage derrière la grille dans un mouvement chorégraphique saisissant du cortège funéraire rentrant des obsèques où l’image suspendue des filles scrutant l’horizon.
Si la pièce a quelque peu vieilli avec son fatalisme réducteur et sa vision sociale schématique, la mise en scène de Lilo Baur aurait mérité une approche plus distanciée et une lecture contemporaine afin d’en confronter le contexte à l’actualité.
[…] Une tyrannie mortifère qui va fomenter au sein du clan un sentiment de rébellion […]
Cécile Brune dans le rôle de la mère est exceptionnelle où elle incarne avec une fureur sourde et impérieuse ce personnage austère, monstrueux, à la fois bourreau et victime, prisonnière d’une éducation et d’une condition de soumission.