La « Pastorale » de Beethoven dans les pas de Thierry Malandain, à (re)voir sur Mezzo
Thierry Malandain embarque pas moins de vingt-deux danseurs dans cette traversée aux aires d’odyssée enivrante. Alliant habilement le vocabulaire classique et les compositions contemporaines, il nous offre un ballet aussi enlevé que saisissant.
Ce spectacle que nous avions vu au Théâtre National de Chaillot l’hiver dernier est diffusé sur la chaîne Mezzo, le mardi 14 mai 2024 à 21h35.
Avec « La Pastorale« , le chorégraphe donne corps à la Sixième Symphonie de Beethoven. Une création initiée à l’occasion du deux cent-cinquantième anniversaire du célèbre compositeur allemand où Malandain mêle la 6e symphonie aux motifs des Ruines d’Athènes et de la Cantate op. 112 pour une traversée au plus près des désirs d’harmonie, de nature et de spiritualité qui imprègnent l’œuvre.
Une danse investie
Thierry Malandain connait bien Ludwig van Beethoven : après Les Créatures (d’après Les Créatures de Prométhée) et Silhouette (d’après le troisième mouvement de la Sonate n°30, Op.109), c’est la troisième fois qu’il s’attaque à une œuvre du compositeur.
Une alchimie qui lie ainsi la musique abstraite de l’un à la danse tellurique de l’autre. Où les pulsation des corps aux accents tribaux ainsi que des duos hypnotiques, martèlent et cisèlent la poursuite d’un d’idéal porteuse d’élan et d’onirisme.
La partition traduit l’emportement du compositeur pour cette alliance vitale entre l’être et la nature. Empreinte d’imagerie et de scènes bucoliques, on peut y voir en filigrane les sentiers fleuris de la pastorale antique, l’innocence des premiers temps. Beethoven y ressuscite l’Arcadie de l’âge d’or : « terre de bergers où l’on vivait heureux d’amour ».
Tableaux saisissants que ces figures collectives ou plus intimistes où les corps dans un rituel originel ou plus lyrique, impriment la quête d’une communauté humaine en devenir. D’une maîtrise totale, les danseurs s’emparent avec brio de cette danse investie aux échos libérateurs.