La première marche, un documentaire rafraichissant de Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray, sortie en salles le 14 octobre 2020

Vu hors des banlieues, la situation parait simple, tellement simple que ça peut en paraitre simpliste, alors qu’elle est forcément plus complexe. Cloisonnement social, marginalisation et mise au point de nouveaux codes pour s’inventer une unité, les médias, les politiques et les réseaux sociaux ne vont pas plus loin et contribuent à véhiculer des stéréotypes plombant. Les populations comptent pourtant comme ailleurs des forces vives qui poussent à une évolution des mentalités, ou en tout cas à la mise en avant de leur mixité pour le constat que la majorité silencieuse n’a rien contre la différence, respectant les spécificités particulières ici comme ailleurs. Des documentaires récents ont permis de révéler la réelle énergie de territoires qui veulent absolument vivre et non pas survivre. À voix haute, Nous le peuple et Douce France ont précédé la Première marche et ont ouvert la porte à cette initiative qui vise ici à respecter les habitants homosexuels et LGBT+ de banlieue. Le documentaire est réjouissant et rassure sur un avenir qui n’est pas si sombre qu’on peut le penser.

Un documentaire à découvrir absolument

La Première Marche est une pierre de plus à l’édifice du respect de populations de banlieues qui méritent leur place autant que les autres sur la place publique. Les Gay Prides arpentent les rues parisiennes depuis déjà longtemps, mais rien n’a jamais été fait en banlieue, laissant penser à un rejet général d’une initiative justement destinée à rassembler. 4 jeunes gens ont décidé de présenter dans ce documentaire leur démarche pour la mise sur pied d’une première marche des fiertés des banlieues. On admettra aisément que la qualité du documentaire est amateure, parfois à l’excès avec des dialogues minuscules sans vraie importance au milieu d’autres images émouvantes. La technique est frustre, les personnages sont avant tout eux-mêmes et ne joue pas toujours le jeu du message et de l’exemple. Mais qu’importe, la cause est bonne et la volonté de bouger les consciences force le respect. Quand la distribution de tracts à des jeunes fait craindre une esclandre, c’est surtout la surprise et le questionnement qui interpellent, montrant bien qu’une éducation venue du haut et des institutions publiques pourraient jouer un rôle plus voyant et plus significatif pour induire la nécessaire notion de respect dans les consciences. Les détails de l’organisation de la marche manquent quelque peu de profondeur, les portraits des protagonistes sont rapidement brossés, mais le combat est enthousiaste et l’espoir est bel et bien présent chez ces jeunes qui veulent participer à une marche en avant. Certains sont énergiques, d’autres plus en retrait mais tous font partie d’une diversité naturelle à tous. Surtout qu’au final, la marche se déroule, avec une vraie mobilisation populaire et une absence d’hostilité qui font plaisir. La première marche devrait ouvrir la voie à d’autres mouvements pour prendre la place de tous ceux qui ont le pouvoir mais ne s’en servent pas pour unifier la nation.

Le documentaire La Première Marche, combien même artisanal et formé de bouts de ficelle, est un formidable témoignage de la volonté collective nécessaire pour faire bouger les choses. Rien que pour cela, le documentaire doit être découvert pour un vrai shoot d’optimisme et une mise aux rebus des stéréotypes stériles.

Synopsis: Le 9 juin 2019, quatre étudiants mènent à Saint-Denis la première Marche des fiertés en banlieue. 50 ans après Stonewall, ils imposent le combat LGBT là où personne n’avait voulu l’imaginer. Une immersion trépidante parmi les organisateurs de la pride, banlieusards et fiers. Les enjeux d’intersectionnalité et d’inclusivité des luttes sont clairement posés. Les jeunes militants débordent d’une énergie communicative dans un documentaire plein d’humour et d’engagement, qui inspire une volonté d’unité face aux oppressions. La projection sera suivie d’une rencontre avec les réalisateurs et des membres de l’association organisatrice de la Marche des fiertés en banlieue.

NOS NOTES ...
Originalité
Réalisation
Qualité du documentaire
Plaisir de la séance
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
la-premiere-marche-un-documentaire-rafraichissant-de-hakim-atoui-et-baptiste-etchegaray-sortie-en-salles-le-14-octobre-2020 Vu hors des banlieues, la situation parait simple, tellement simple que ça peut en paraitre simpliste, alors qu'elle est forcément plus complexe. Cloisonnement social, marginalisation et mise au point de nouveaux codes pour s'inventer une unité, les médias, les politiques et les réseaux sociaux...

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