La Tempête au Théâtre de Poche Montparnasse, une pièce moderne et universelle jusqu’au 22 décembre 2024

Le Théâtre de Poche Montparnasse fait plonger dès le commencement de la pièce les spectateurs dans le bain en accueillant le public au coeur d’une violente tempête à l’origine d’un naufrage avec force et fracas, cris et emportements. L’équipage du bateau échoué se retrouve sur une île perdue à la merci d’un mage décidé à faire payer l’affront de son éviction 12 ans auparavant du duché de Milan. La tempête est l’une des dernières pièces de Shakespeare, Stéphanie Tesson en a signé la traduction et la mise en scène avec un texte moderne et une scène épurée de tous décors inutiles. Toute l’attention se porte sur les comédiens et la comédienne plongés dans un conte burlesque aux enseignements universels.

Une adaptation moderne

Cette célèbre pièce du grand William est toute empreinte de l’esprit de son temps. Trahison familiale, colonialisme péremptoire et vengeance sans remords sont au programme dans un moment de théâtre riche d’enseignements. Pierre Val est de retour dans le rôle central de Prospero, lui qui avait été remplacé un temps pour cause d’accident domestique malheureux. Il incarne avec bonhommie ce personnage trop heureux de voir s’échouer sur son île ceux qui l’ont chassé de son royaume. Pourvu de pouvoirs magiques, il en use avec malice pour faire payer son frère et sa guilde. Il est aidé dans son dessein par Ariel (Marguerite Danguy des Déserts), esprit positif qui agit sur les ordres de son maitre, sans que l’on sache vraiment si son sort est voulu ou contraint. A l’opposé, l’esclave Caliban est le reflet opposé d’Ariel, vile et sournois, il s’allie aux membres de l’équipage pour se venger d’un Prospero à l’origine de sa captivité, il faut préciser que Caliban avait tout de même tenté d’abuser de sa fille. Les partis pris de Stéphanie Tesson font réfléchir les spectateurs. Les rescapés du naufrage ont des faciès de brigands et des manières de rustres. L’esclave Caliban pourrait bien figurer tous ces peuples opprimés par les colonisateurs, Stéphanie Tesson en fait avant tout un traitre sournois sans mettre particulièrement en avant la notion de domination coloniale. Shakespeare disait dans son texte la fameuse phrase Esclave menteur que le fouet seul peut émouvoir, non la bonté, la dimension colonialiste passe un peu au second plan pour mettre en avant la dimension politique. Le comédien Jean Dudant livre une prestation éblouissante dans son double rôle de Miranda, fille de Prospero et de membre de l’équipage, il est seulement dommage que des membres du public aient pris la fâcheuse habitude de glousser stupidement à chacune de ses apparitions en femme, certes maniérées mais l’important tient dans le double rôle du comédien, tous deux brillamment interprétés. C’est d’ailleurs un des points forts de la pièce, une douzaine de personnages est interprétée par 5 comédiens, figurant la duplicité de l’âme humaine derrière les apparences trompeuses et les personnages de la pièce incarnent et symbolisent avec grand talent des comportements et sentiments humains divers, allant du positif au négatif. La scène est recouverte d’une moquette beige figurant le sable, pas de décors en plus au-delà de quelques accessoires, le focus est mis sur l’âme humaine avec les comédiens mis en avant, sans mention de date et de période.

Cette histoire de vengeance ne prendrait pas sa dimension universelle sans un pardon final et salutaire, avec des enseignements sur l’importance de la bonté salvatrice et de la liberté de chacun. La pièce se joue jusqu’au 22 décembre 2024, une prolongation lui permettrait de gagner une audience plus large, la balle est dans le camp du théâtre de poche Montparnasse.

Synopsis: Rescapés d’un naufrage, le Roi de Naples, son fils Ferdinand et le Duc de Milan sont dispersés sur une île inhabitée. Prospero, Mage éclairé, y exerce son Art mystérieux, auprès de sa fille Miranda, de son esclave Caliban et de son Esprit dévoué, le subtil Ariel.  Voici le moment pour lui de réparer l’affront qu’il a subi douze ans auparavant, alors que, régnant sur le duché de Milan, il s’en était fait chasser par son frère et par ceux qu’il tient aujourd’hui à sa merci. S’engage un combat enfiévré entre les forces occultes et la réalité, entre la vengeance et le pardon, entre le pouvoir et la liberté…

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Jeu des comédiens
Plaisir de la pièce
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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