Une Traviata version 2.0 jusqu’au 25 février à l’Opéra Bastille

L’Opéra Bastille à Paris propose l’opéra en 3 actes La Traviata, un des plus grands classiques de l’Opéra universel. Créé par Guiseppe Verdi en 1853 d’après le roman d’Alexandre Dumas filsLa Dame aux camélias (1848), la signification en français du mot italien La Traviata est la délurée, la dévoyée, la débauchée.

Une mise en scène clivante

Le metteur en scène Simon Stone prend l’expression au pied de la lettre en faisant évoluer l’héroïne Violetta dans un monde de la nuit décadent, avec ses néons porno chics, ses habits SM et ses manières animales. Violetta n’est plus cette fille de joie qui vend son corps comme dans le personnage de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, elle est une star des réseaux sociaux qui vend son image et ses conseils numériques sur le net à grand renfort de posts, de selfies et de stories. La scène de l’Opéra Bastille voit un cadre monté sur une plateforme mobile dévoiler des décors changeants, une automobile, une statue et même un tracteur. Le rythme est incandescent, la descente en enfer bouleversante pour 3h20 de spectacle total. Surtout que les 2 interprètes principaux livrent une prestation de haute volée. Nadine Sierra en Violetta et René Barbera en Alfredo laissent les spectateur pantois, ébahis, éblouis. Il faut entendre cet Addio del Passato de l’acte 3 pour le croire. La voix est au diapason de l’œuvre de Verdi, quasiment l’égale de celle d’Anna Netrebko dans une vidéo Youtube légendaire reprenant sa prestation au Festival de Salzbourg en 2005. L’intrigue laisse percevoir des hymnes symbolisant quasiment à eux seuls l’Italie dans les publicités et les esprits (Libiamo, ne’ lieti calici, Noi siamo zingarelle, Amami Alfredo, Sempre libera).

Alors les puristes se soulèveront contre une mise en scène qui met en avant les corps et les artifices sexuels avec si peu de pudeur. Mais si l’intention peut être discutée par les tenants d’un classicisme absolu, la posture est finalement très moderne, osée, et permet de dépoussiérer l’œuvre sans la travestir, c’est bien l’essentiel.

Synopsis:

Qui est la Traviata ? Pour le metteur en scène australien Simon Stone, remarqué pour son talent à rafraîchir les classiques, Violetta n’est pas cette demi-mondaine qui vend son corps, comme dans La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, à l’origine de l’opéra de Verdi. Elle est une star des réseaux sociaux qui monnaye son image et ses conseils numériques à grand renfort de « posts », de « selfies » et de « stories ». Hélas ! Ce monde hyperconnecté n’empêche pas la belle, comme au XIXe siècle, de devoir sacrifier son amour pour Alfredo sur l’autel des conventions sociales. Cette lecture contemporaine s’accorde aux intentions de Verdi qui, tout en composant une musique fiévreuse et virtuose, critique la brutalité d’une société du paraître, machine à broyer les individualités. Surtout quand elles sont des femmes qui aspirent à être libres. « Sempre libera », l’air le plus célèbre de Violetta, n’est-il pas l’étendard de cet opéra ?

NOS NOTES ...
Qualité du spectacle
Plaisir du spectacle
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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