La Traviata, un classique de l’Opéra magnifié sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées
Le célèbre Opéra en trois actes de Verdi La Traviata prend possession du Théâtre des Champs Elysées jusqu’au 9 décembre. Amour, passion, et tragédie imprègnent l’Opéra d’une force et d’un souffle peu communs. Et comme la mise en scène moderne de Deborah Warner est au diapason d’une romance qui se finit dans les larmes, les chanteurs peuvent exploiter sans retenue leur art lyrique sous la direction de Jérémie Rhorer. Pas besoin d’être un incollable en bel canto pour se laisser envahir par ce drame centrale de l’histoire musicale universelle. Les morceaux de bravoure se succèdent avec ces airs mondialement connus et une scénographie enchanteresse.
Une Traviata parfaite en tous points.
On a beau chercher des défauts à cette Traviata, c’est tout bonnement impossible de bouder son plaisir. L’Opéra créé le 6 mars 1853 à La Fenice de Venise s’ouvre sur un lit d’hôpital qui rappelle l’état critique de l’héroïne Violetta interprétée par une époustouflante Vannina Santoni. Héroïne tragique par excellence, Violetta brûle de vivre son fol amour avec Alfredo (Saimir Pirgu) mais la maladie la condamne, et elle le sait, tentant de vaincre le destin contraire en cachant son état à ses proches. Adapté d’après le roman d’Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias (1848) et son adaptation théâtrale de 1852, La Traviata se joue entre Paris et la Provence. La chorégraphe anglaise Deborah Warner met en abîme les espoirs impossibles de la belle en les confrontant à la dure réalité de la maladie. L’amoureuse flamboyante hypnotise le public à chacune de ses interventions. Au milieu d’une trentaine de figurants au bas mot, elle interprète les airs si connus de Verdi qui font de la Traviata un sommet de Bel Canto. Les sérénades Libiamo ne’lieti calici ou Noi siamo zingarelle font vibrer l’audience grâce à la baguette du chef Jérémie Rhorer qui imprime un rythme soutenu à l’ensemble. Voix masculines et féminines se mélangent avec bonheur avec cette troupe nombreuse vêtue de smokings et de robes de bal pour moderniser l’ambiance résolument XIXe siècle de l’histoire originale. De par son caractère intimiste, son réalisme inhabituel et l’absence de dimension héroïque, la Traviata est devenue au fil du temps l’une des œuvres les plus jouées dans le monde entier L’œuvre de Verdi a été jouée par notamment Maria Callas et Renata Scotto à qui Vannina Santoni peut très bien se comparer eu égard à sa performance exceptionnelle.
La salle censée être pleine à craquer comptait de nombreux sièges vides du fait des évènements parisiens mais la salve finale d’applaudissements rendit plus que justice à un spectacle majeur de la saison parisienne. Cette Traviata fait rêver, et il faut la voir pour le croire!
Dates : Du 28 novembre au 9 décembre 2018, 19H30
Lieu : Théâtre des Champs-Elysées (Paris)
Metteur en scène : Deborah Warner
Avec : Vannina Santoni, Saimir Pirgu, Laurent Naouri, Catherine Trottmann, Clare Presland, Marc Barrard, Francis Dudziak, Marc Scoffoni, Matthieu Justine, Anas Séguin, Pierre-Antoine Chaumien