Marguerite Duras ressuscitée avec grâce sur la scène du Lucernaire dans La vie matérielle

Le Lucernaire laisse le champ libre à Catherine Artigala ressemblante en diable à la grande Marguerite Duras. Femme de lettres, dramaturge, scénariste et réalisatrice, elle a animé la scène littéraire française jusqu’à sa mort en 1996. En adaptant l’ouvrage La Vie Matérielle paru en 1987 et centré sur sa relation avec l’alcool, Michel Monnereau en fait une femme complexe, à la vie riche et dense entre récits d’Indochine, Paris, Neauphle-le-chateau et Trouville. La pièce se veut une confession à cœur ouvert, puissante et animée, de quoi ravir une audience conquise.

Un témoignage vibrant

La mise en scène de William Mesguich est vivante. Entre photos, livres, papier et bouteilles, l’interprète évolue en liberté, seulement rattachée au monde des vivants par son récit. La comédienne se poste face au public, elle mime des pas de danse, elle se rappelle et évoque son addiction à l’alcool, qu’elle parvient parfois à fuir pour y revenir inéluctablement à chaque fois. Les paroles intimes rappellent sa vie amoureuse et sexuelle, sa relation passionnée avec le jeune Yann Andréa et sa mère. Figure tutélaire de son existence, elle a marqué son enfance et sa carrière littéraire, cette dernière toujours tournée vers des autobiographies romancées. Les multiples prix littéraires et le poids de son œuvre dans la postérité ont rendu la dame devenue vieille et caricaturale, droite dans ses bottes, toujours vêtue des mêmes oripeaux et la voix toujours vibrante. La scène se veut un fourre-tout de souvenirs et de chaines qui enserrent l’auguste femme, fière de son parcours et aux propos teintés d’un beau féminisme. Sa vie fut sans concessions, pas sans douleurs, mais toujours menée tambour battant. La pièce dure 1 heure, assez pour se plonger dans un caractère hors norme et s’y attacher. Pas besoin d’être un fanatique de son œuvre pour se laisser aller et partager ce beau moment d’intimité ravivée sur la scène du Lucernaire.

La vie matérielle se veut un reflet fidèle, forcément théâtral mais toujours juste de ce que fut l’existence de Marguerite Donnadieu, devenue Marguerite Duras et restée profondément ancrée dans l’histoire littéraire française.

Synopsis:

UN MOMENT DE GRÂCE AVEC MARGUERITE DURAS

Marguerite Duras à l’apogée de son œuvre nous invite à une confession intime passionnante. Sur le ton de la confidence, elle fait le bilan de sa vie personnelle et artistique : l’enfance en Indochine, le rapport à la mère, les lieux fondateurs de sa vie, la vie amoureuse et sexuelle, l’alcool, la rencontre avec Yann Andréa, le féminisme (la mère, l’amante, la femme au foyer), le rapport à l’injustice, à la célébrité. Nul besoin d’être un familier de l’œuvre pour découvrir cette vie hors norme.
Une performance de Catherine Artigala dans une mise en scène subtile de William Mesguich.

Avertissement : ce spectacle est déconseillé aux moins de 14 ans.

Détails:

Mercredi < samedi 21h | Dimanche 17h30

NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Jeu des comédiens
Plaisir de la pièce
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
la-vie-materielle-au-lucernaire Le Lucernaire laisse le champ libre à Catherine Artigala ressemblante en diable à la grande Marguerite Duras. Femme de lettres, dramaturge, scénariste et réalisatrice, elle a animé la scène littéraire française jusqu'à sa mort en 1996. En adaptant l'ouvrage La Vie Matérielle paru en 1987 et centré sur...

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