Le film revient sur l’existence unique de l’Abbé Pierre, un homme qui a choisi d’aider son prochain en acceptant toutes les turpitudes de la vie de personnage public pour alerter les consciences sur le sujet de la pauvreté, de la solitude et du dénuement. Tous les épisodes principaux de sa vie sont abordés pour brosser le portait d’un personnage qui était avant tout un homme, pas un superhéros. Sous les traits de Benjamin Lavernhe, Henri Grouès revit littéralement dans un film sans effets spéciaux, sans suspense, mais pas sans émotion.
Un film sur un être à part
En faisant revivre les étapes d’une vie unique, le film ne tombe pas dans l’éloge constant et c’est sa plus grande. L’Abbé Pierre a surtout décidé d’agir, au contraire d’un personnel politique qui se contente trop souvent de détourner les yeux et de baisser les bras. Issu d’un milieu bourgeois confortable, Henri Grouès a d’abord choisi d’embrasser la vie monastique de capucin. Mais sa santé fragile l’a forcé à se rediriger dans une autre direction. Lors de la survenance du second conflit mondial, il s’est engagé dans la résistance, le confrontant à l’injustice du monde et à l’horreur de la guerre, le confortant alors dans son désir aider autrui dès la fin du conflit. Il a ainsi créé la Fondation Emmaüs en 1949, devenant un personnage public dès le terrible hiver 1954, demandant l’aide de tous pour venir en aide aux plus démunis touchés par un froid terrible. Le premier bâtiment de Neuilly Plaisance a été acquis avec son indemnité parlementaire pour réhabiliter une vieille maison dans la banlieue Est de Paris. L’homme n’a pas agi seul, aidé par Lucie (Emmanuelle Bercot), aussi décidée que lui à relever l’exploit de créer une structure hors du giron public pour venir en aide à ceux qui en ont besoin. La question se pose forcément du pourquoi du rôle insuffisant de l’Etat en la matière, les priorités ne semblent pas être les mêmes au plus haut niveau du gouvernement. Benjamin Lavernhe interprète de manière extrêmement convaincante aussi bien le jeune homme que le vieillard, avec une ressemblance des plus convaincantes. Le film interroge aussi sur la tendance bien humaine à considérer l’altruisme, la bonté, la tolérance comme des faiblesses difficiles à accepter.
L’émotion affleure tout au long d’un récit simple et efficace, émouvant et direct. L’homme a été souvent décrié, conspué, traités de fou mais il a aidé les plus démunis sans être pourtant lui même d’une santé robuste. Le film est à découvrir pour ouvrir les consciences, c’est sa plus grande qualité.
Synopsis: Né dans une famille aisée, Henri Grouès a été à la fois résistant, député, défenseur des sans-abris, révolutionnaire et iconoclaste. Des bancs de l’Assemblée Nationale aux bidonvilles de la banlieue parisienne, son engagement auprès des plus faibles lui a valu une renommée internationale. La création d’Emmaüs et le raz de marée de son inoubliable appel de l’hiver 54 ont fait de lui une icône. Pourtant, chaque jour, il a douté de son action. Ses fragilités, ses souffrances, sa vie intime à peine crédibles sont restées inconnues du grand public. Révolté par la misère et les injustices, souvent critiqué, parfois trahi, Henri Grouès a eu mille vies et a mené mille combats. Il a marqué l’Histoire sous le nom qu’il s’était choisi : l’Abbé Pierre.